Avec la sortie de leur nouvel album studio, WIXIW, les Américains déjantés de Liars continuent de tracer leur incroyable trajectoire. Ils étaient jeudi au Nouveau Casino, on y était, on vous raconte.
Liars est un groupe énigmatique. Véritable brouilleur de piste, le trio anticonformiste américain entretient depuis dix ans et six albums une réinvention sonore perpétuelle, du monument punk angulaire They Threw Us All in a Trench and Stuck a Monument on Top jusqu’au virage synthétique et électro-schizophrène de WIXIW, dernier album mystique et fascinant sorti en début de semaine. C’est donc sans trop savoir à quoi s’attendre que l’on foule le long couloir menant à la salle déjà bien remplie du Nouveau Casino.
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En guise d’introduction, le quatuor français Nelson, visiblement heureux d’être là, propose au public attentif une new wave aux mélodies pop soignées, entre la folie maitrisée d’Animal Collective et de The Rapture. Lors d’une interruption forcée pour cause de synthé défectueux, le groupe annonce la sortie de leur nouveau disque, Dancers Runner, sous la forme de 4 EPs téléchargeables gratuitement sortant chacun à un mois d’intervalle. Un dispositif original qui a le mérite d’attiser notre curiosité.
Après un court entracte, le moment fatidique arrive. Dès les premières notes, le ton est donné. Le tempo est lent, soutenu par le chant léthargique d’un Angus Andrew caché derrière ses cheveux longs. L’ambiance est dense et pesante, prémices de la parade funéraire que l’on s’apprête à vivre. Les images colorées projetées en rythme au fond de la salle tranchent avec la froideur de la musique, dans l’esprit d’un Radiohead période Amnesiac. Le chanteur, portant un costard aux manches trop courtes, gesticule sur scène tel un pantin désarticulé, à l’image des morceaux déstructurés, désossés jusqu’à l’essentiel.
On assiste captivé à la messe noire prodiguée par le groupe qui à tout moment peut exploser dans un déchainement bruitiste, comme sur une version abrasive de Scarecrows On A Killer Slant. Le trio n’hésite ainsi pas à ressortir les guitares pour jouer quelques titres plus anciens qui s’incorporent à merveille aux nouvelles sonorités électroniques avec lesquelles ils partagent le même goût de l’atmosphère glauque et malsaine.
Un final majestueux effectué dans une fureur presque tribale finira d’embraser un public – plutôt calme jusqu’alors – devenu complètement fou, se mettant à danser et sauter dans tous les sens. Liars aura maintenu de bout en bout une intensité époustouflante nous laissant hagard et essoufflé, avec comme unique regret de devoir retrouver si vite le monde réel.
Guilhem Denis
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