Il y avait de la musique électronique et on a fait la sieste. On y était, on vous raconte.
Les Siestes Électroniques sont un projet mis en place il y a 13 ans par l’équipe qui gère aussi aujourd’hui la revue Audimat, également à l’origine de la très bonne émission de critique d’album Musique Info Service. Le concept est simple : profiter des mixes à l’horizontal. Les Siestes ont lieu à Toulouse et à Paris au Musée du Quai Branly. Cette année, les Djs ont été invités à fouiller dans la médiathèque pour y trouver la matière sonore première de leurs créations pour faire dialoguer musiques électroniques et ethnomusicologie.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dimanche, un léger crachin accompagne notre arrivée au musée. On traverse la luxuriante végétation pour se retrouver devant la médiathèque, tout en bois sombre. Les mixes ont lieu à l’intérieur mais sont également diffusés dans le jardin. Le public est déjà couché en petits groupes, certains ayant même investi les gradins un peu éloignés des djs. De là-bas on ne voit pas grand-chose mais les sièges sont confortables et le le concept étant de faire la sieste, on y élit domicile.
C’est Frédéric Sanchez, concepteur de bandes sonores pour les premiers défilés de Martin Margiela, puis pour Prada ou Marc Jacobs, qui livre tout d’abord sa création. Puisant dans les chants traditionnels croates, les instruments des îles Salomon ou utilisant le tambour d’eau des pygmées Baka, Frédéric Sanchez construit un mix bourdonnant, plein de carillons et de poésie. On profite du mix comme il se doit : couché et somnolent. Notre attention est flottante, et il nous semble que c’est une bonne manière de recevoir la création. On finit quand même par se relever, on feuillette un des livres itinérants proposés sur un comptoir et on finit d’écouter le mix dehors.
Le second artiste à réarranger des titres découverts lors de ses fouilles dans la médiathèques est Ron Morelli. Le patron du label de house le plus intéressant du moment (L.I.E.S) est protéiforme : il passe avec aisance de la Peacock Society au musée du Quai Branly. La brochure des Siestes Electroniques nous annonce « un mix à partir d’enregistrements de musique rituelle issue des cultes du vaudou haïtien ». Ils sont tellement retravaillés, pervertis et dézingués qu’on ne les aurait pas reconnus. Si la « musique des mystères » est principalement jouée par des orchestres de tambours, les arcanes de Ron Morelli naissent de synthétiseurs gris et bruissant. Parfois, loin dans le mix, on reconnait quelques percussions mais la création est principalement arythmique et les chants vaudous n’apparaissent que sur la fin. Pour l’occasion on est de nouveau couché, près des machines. Les yeux fermés, on découvre que la science crasse du producteur s’adapte à tous les formats et tous les domaines. On croit avoir enfin découvert la méthode Morelli : digérer un millier de choses différentes mais les recracher avec toujours la même urgence sourde.
Le mix se termine, il ne reste plus qu’à se lever, s’étirer et tenter de sortir de la transe dans laquelle ces mixes nous ont plongé. La dernière Sieste Electronique de la saison aura lieu dimanche prochain, le 27 juillet, et sera animée par les Cris de Paris et Frank Fairfield. Ceux qui seront absents de la capitale peuvent toujours se consoler en allant lire le dernier numéro de la revue Audimat. Au programme : le spleen chez Drake, la fabrication des tubes de Rihanna, « quelques idées reçues sur l’histoire de la house » ou encore un « Petite histoire de la caisse claire dans la musique pop ». Bonne lecture.
{"type":"Banniere-Basse"}