Les Eurockéennes de Belfort fêtaient leurs 25 ans cette année. Retour sur cette édition ensoleillée avec Blur, Phoenix, Disclosure, Woodkid, Major Lazer, La Femme, des découvertes et quelques anecdotes. On y était. On vous raconte.
JOUR 3
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L’évènement : Phoenix et Two Door Cinema Club
Phoenix et Two Door Cinema Club passaient sur la même scène – « la grande » – avec une heure de creux seulement entre les deux. Ce fut ainsi rigolo de constater à quel point la musique des deux groupes est à ce point semblable : dans ce qu’elle a de typiquement anglais (même si Phoenix est d’ici, oui), de couleurs et d’hymnes rassembleurs, de si facilement praticable, de si brossé, si doux, si purement pop, tout ça ne peut que faire danser la foule dans une communion béate. C’est que cette grande scène est vraiment, vraiment grande : il y a quelque chose de religieux à voir autant, autant de monde rassemblé autour d’une poignée d’individus, à réciter en cœur des psaumes connus de tous. A l’autel, les deux groupes ont joué tous les gros tubes de leur panthéon pop. Ce fut comme prier dans un lieu saint. On a dansé dans une cathédrale.
La découverte : OY
On avait déjà écouté, dans les tréfonds de l’Internet, son Tortoise & Hunter entêtant, obsédant. IRL, la jeune femme, venue de Suisse, n’est pas moins bizarre ni moins déstabilisante. Problème : comment appréhender ce son extra-terrestre et futuriste ? Par le spectre de la pop ? Par celui de l’electro, celui des musiques du monde ? La réponse se trouve sans doute à la croisée des chemins, quelque part au milieu de tout ça, là où la saturation des sons et des couleurs trouve assez d’acidité pour piquer la curiosité. Des morceaux fluo, dada, un peu fous. A base de collages sonores improbables et d’expérimentations virulentes. Affaire à suivre.
La claque : Mykki Blanco
« Welcome to hell, bitches, this is Mykki Blanco. » Le rappeur Américain est dans la foule, sur la plage, et c’est la grosse teuf autour de lui. Il chante Wavvy, ce morceau énorme avec lequel on avait connu ce rappeur queer l’année dernière. Mais Mykki Blanco y va tranquillement sous le soleil belfortain : pas de perruque, pas de soutif, pas trop de déhanchés enflammés, comme c’est parfois le cas. Il la joue toujours burlesque (un short avec des froufrous sans aucun sens, des trucs accrochés à la poitrine), mais plus sobre, plus traditionnellement hip-hop. Il faut dire que le créneau prévu pour le concert était étonnamment court – trente minutes seulement… On se demande par ailleurs si la question du public n’y est pas pour quelque chose. Combien se sont déplacés vers Mykki Blanco en connaissance de cause, sachant les folies transgenres et stylistiques dont il est capable ? On n’aura pas la réponse à cette question, mais le plus important est là : c’était musicalement intense, un peu court, mais proche des attentes.
Les héros / la déception : Fauve
Après les Nuits Fauve à la Flèche d’Or, à Paris, après quelques petits festivals, une date au Bataclan et les FrancoFolies de Montréal, Fauve se retrouve une bonne fois pour toute dans le grand bain : les dizaines de milliers de personnes des Eurockéennes. Ils passent toutefois sur la plus petite des quatre scènes du festival. Alors oui, elle est petite. Trop petite, même. Une foule compacte s’avance pour voir la bande à Quentin, si bien qu’on se retrouve reclus à l’arrière, dans une affreuse position qui nous empêchera de profiter correctement du concert. On ne voyait rien, on entendait à peine. On devra se consoler avec les souvenirs des concerts passés. Alors tant pis pour nous, mais tant mieux pour eux. Fauve, tu n’as pas de visage, mais on t’aime pour ce que tu es.
Le vieux : Kery James
Le temps passe, dis donc : plus de vingt ans qu’il rappe, Kery James. Grand rescapé de la grande époque de la Mafia K’1 Fry, il a toujours conservé cette dimension de ce qu’on appelle le rap conscient, en opposition au rap faussement bête et vraiment méchant (pensez Booba, par exemple). Sur scène, il « rappe comme s’il n’avait rien ». Il fait son bonhomme, appelle au rassemblement, fustige les mensonges d’Etat, la complaisance des médias, fait l’apologie de la réussite sociale, flatte le public, appelle à la vendetta… « Pom, pom, c’est le retour du rap français / pom, pom pom pom, c’est le retour du renoi foncé. » Il était parti ? On n’avait pas remarqué.
La photo du jour : Les grandes personnes de Boromo
Il y a comme ça, de temps en temps, quelques happenings d’art de rue aux Eurockéennes. On aura ainsi croisé ce défilé du collectif Burkinabè Les grandes personnes de Boromo, qui traversait le site du festival comme si de rien n’était. Impressionnant, beau et troublant.
La phrase du jour : A$AP Rocky
En direction de la foule : « Light up your weed ! »
Ah ! On voudrait juste rappeler à Monsieur Rocky, comme ça en passant, que toutes les drogues, même douces, sont toujours prohibées en France, et que ce prosélytisme pourrait peut-être en choquer certains… Mais bon, c’est trop tard, le message est passé. Bonne chance à la douane.
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