Les Eurockéennes de Belfort fêtaient leurs 25 ans cette année. Retour sur cette édition ensoleillée avec Blur, Phoenix, Disclosure, Woodkid, Major Lazer, La Femme, des découvertes et quelques anecdotes. On y était. On vous raconte.
JOUR 4
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L’évènement : Blur
On les avait déjà croisés, cette année, au Primavera de Porto. C’était au mois de juin. Quelques semaines plus tard, donc, à peu près le même constat : Blur a beau s’entourer de choristes chaleureuses et d’un ensemble de cuivres, le spectacle reste très référencé dans le temps, et manque un peu de fougue et de magie. Evidemment, c’est formidable de voir Blur sur scène, mais on y assiste comme on visiterait une grosse expo de pop-art à Beaubourg : on sait qu’il ne faut pas rater ça, que c’est important, alors on affronte la foule qui pense pareil, et on traverse des pièces d’anthologie avec curiosité, un intérêt certain mais sans réelle magie, pas vraiment avec passion. Car Blur est maintenant rangé dans la grande boite des groupes générationnels : devant la scène, oui, les gens sont fous de joie. Ce sont des plus de 25 ans, qui ont connu la grande époque de la brit-pop, celle des frères Gallagher et des débuts de Damon l’hyperactif. Les moins de 25 ans, eux (et ils sont très nombreux aux Eurocks), se souviennent plutôt des années 90 pour le Club Dorothée, les Minikeums, les Pokemon. Chacun ses mythes.
La claque : Disclosure
C’était couru d’avance : Disclosure a embrasé le jeune public des Eurocks. Pendant que My Bloody Valentine rameutait les aînés sur une plus grande scène (il fallait faire un choix, oui), les frères Lawrence ont fait ce qu’on les savait déjà capables de faire : un live puissamment instrumental, une montée constante dans les recoins chauds de la house music, un show finalement très pop, mais dansant comme la plus obscure des soirées electro. Les tubes y sont passé (F For You, White Noise, You & Me…), pendant que dansaient les jeunes et joyeux festivaliers, dans la chaleur du site de Malsaucy. Musique de l’amour et des étreintes brûlantes, de la drague et de la chope insouciante, le duo Disclosure a de beaux jours devant lui. Un sourire au lèvre, trempés de sueur, les yeux fermés.
La phrase du jour : Sébastien, eurockéen depuis plus de 20 ans
« Les Eurocks, avant, c’était le grand rendez-vous de tous les punks et des anarchistes européens. Il y avait plus de scènes, et c’était plus concentré. C’est devenu très familial. A l’époque, ça aurait été impensable de voir autant de stands et de concepts si marketés. Je me rappelle de très grands moments. »
En vingt-et-un ans, Sébastien n’a pas raté une seule édition des Eurockéennes : il nous raconte un peu l’évolution du festival pendant toutes ces années. Pendant qu’on papote avec lui dans la navette menant au site du festival, un autre festivalier de longue date le rejoint. C’est le petit club des habitués, des eurockéens de la première heure. « Hier, j’ai même rencontré un mec qui a fait les vingt-cinq éditions des Eurocks. » Chapeau.
Le voyage : Tame Impala
Les Australiens auraient du jouer sur la plage, monopolisée, toute la journée d’hier, par les groupes de metal. Cette musique est faite pour l’abandon, la chute en arrière, les cheveux dans le sable. Voyage vers des paysages lointains. Voyage dans le temps, aussi : Tame Impala réveille cette tradition du rock psychédélique et planant – voyage intérieur donc, également, et assis qu’on était à l’ombre des arbres, difficile de ne pas avoir en tête l’éternel fantasme de Woodstock. Autour de nous, les gens planent pour de vrai. Ils vivent et revivent ce que le rock apporte à l’été depuis des décennies. Rock fanfreluche, esprit ballon de baudruche, un peu autruche, aussi : la tête un peu n’importe où, sous terre ou dans les airs. La meilleure drogue, c’est encore la musique.
La classe : The Vaccines
Après le rock psyché, le rock anglais. Il y en a toujours pour sauver les traditions, perpétuer les savoir-faire avec, forcément, de nouvelles touches de couleur, une fraîcheur entretenue avec sérieux. Dans ce grand rôle, pour le jour : les Londoniens de The Vaccines et leur chansons tubesques et joueuses à souhait. Un concert efficace, pas vraiment blindé de monde car programmé un peu tôt, mais assez vivifiant pour toucher les cœurs de toute la planète rock.
La photo du jour : Picto Facto
Jusqu’à la fin, les happenings d’art de rue sont venu enrichir un peu plus le festival. On voit ici le Trinocle à bascule, œuvre gonflée de la compagnie Picto Facto. Des couleurs, de la légèreté : et si on finissait cette vingt-cinquième édition des Eurocks sur ces mots ?
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