Rien ou presque ne vaut les Eurockéennes, dont la programmation s’affirme chaque année comme l’un des plus beaux équilibres entre têtes d’affiches confirmées et découvertes formidables : compte rendu de l’édition 2010.
Alors que les Eurockéennes devaient faire face cette année à une concurrence accrue (de Calvi on the Rocks au Main Square Festival à Arras en passant par Werchter en Belgique), les festivaliers n’ont pas boudé leur plaisir sur la presqu’île du Malsaucy. L’attrait exercée par le plan d’eau dans ces 3 jours caniculaires n’y était peut être pas totalement étranger -le site reste des plus agréables. Au compteur du nombre d’entrée, l’année 2010 est en demi-teinte avec un week-end clairement moins rempli que les deux années précédentes ; environ 20% de baisse sur le nombre de tickets par rapport à l’an dernier). Un indice pour décrypter cette tendance ?
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[attachment id=298]Les habitants du coin nous mettent sur la piste de l’évolution de la programmation quand certains évoquent avec une pointe de nostalgie “leur” festival d’antan. Têtes d’affiches mythiques, de Midnight Oil à Patti Smith, de James Brown à Bob Dylan en passant par Radiohead, les yeux de nos interlocuteurs en brillent encore. Le parti pris de la programmation a désormais changé : depuis 4 ans, les Eurockéennes jouent la carte de la découverte et de l’underground. Et si le festival continue à nous offrir de belles têtes d’affiche, il se diversifie musicalement, quitte à brouiller un peu les pistes. De Radio Radio à Jay Z cette année, la ligne directrice de la programmation semble assez floue. De là à en regretter les éditions des années 1990, il n’y a qu’un pas. Qu’on aurait tout de même tort de franchir si rapidement : les monstres du rock ont laissé la place à de belles et éclectiques découvertes, des Subs à The XX dont nous avions déjà fait l’éloge.
Et puis les Eurocks, c’est un peu plus que de la musique… et c’est aussi pour ce un peu plus que l’on vient. Un site privilégié, une atmosphère formidable et un staff d’une qualité quasi irréprochable, aussi à l’aise dans les questions de sécurité que de gestion des flux -exit la douloureuse rupture de stock de bière quand la canicule fait rage ! Aux Eurocks, malgré la chaleur écrasante, les fûts de bière ont tenu le coup et les festivaliers ont pu s’hydrater à loisir. C’est aussi le festival de tout un territoire : les bénévoles aux petits soins, les accueillants habitants du coin jouant le jeu de « leur » festival… Tout est fait pour qu’on se sente bien à Belfort.
[attachment id=298]Les festivités commencent en douceur avec le mélange détonant et cependant harmonieux de Faccini, Hunger et Patrick Watson dont vous avez peut être pu apercevoir les performances aux Days off de la Villette ces derniers jours. Allongés dans les pelouses, alanguis par la chaleur, on se laisse captiver par la qualité sonore et musicale des musiciens qui se mettent au diapason : même mélodie, même volonté de tempo, le moment est beau.
Il cède la place aux très bons Dead Weather. Jack White, comme à l’accoutumée dans la formation, a troqué sa guitare pour la batterie. « It might get loud ». Alisson Mosshart suit dans la même verve avec une énergie débordante et contagieuse, et livre au public une vision très personnelle du rock. Les deux acolytes se cherchent des yeux, se challengent et s’impressionnent l’un l’autre, jusqu’à ce que White finisse par reprendre son instrument de prédilection pour aller chercher les derniers délires de la belle Alisson.
Le festival prend son envol et on passe de Black Keys impressionnants à un live des Kasabians survoltés. Au sommet de leur rock, ils se plaisent à raviver la flamme du festival. La douce Charlotte Gainsbourg, attendue avec impatience par un public conquis d’avance, peine pourtant à imposer sa voix ténue et à nous emporter vraiment dans son univers. Timide, elle fredonne quelques paroles à l’attention des personnes du premier rang. Dommage.
Si les Eurockéennes jouent à nous perdre dans la programmation, c’est aussi pour le plus grand plaisir des festivaliers, gonflés à bloc à l’arrivée de Jay Z. Moyens humains et techniques titanesques au service de l’exubérance fascinante d’un show 100% US. Enervant ? Avant tout impressionnant. Bien sûr, on ne passe pas outre les clichés hip-hop qui s’étalent sur le mur géant luminescent derrière la scène, Jay Z le producteur n’a pas lésiné pour un show léché. On en a plein les yeux. Et les oreilles : musicalement aussi, Jay Z a réussi son pari. L’engouement du public est là, et le courant passe. Le mélange des genres opère : Jay Z nous ferait donc oublier facilement qu’on préfère le rock tonitruant des groupes anglais ! Summum de la prestation : Empire State of mind avec en arrière plan un survol d’un New York scintillant de nuit. Acclamation générale, du public.
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