Le meilleur antidépresseur du mois de décembre était hier en concert à Paris sous la forme du Spinto Band. On y était, on vous raconte.
Avouons-le d’emblée malgré la peur de prendre une volée de cailloux sur la tête : par un malheureux concours de circonstances, on n’avait encore jamais eu l’occasion de voir les Américains du Spinto Band sur scène. C’est désormais chose faite grâce à La Maroquinerie où l’on a fortement l’impression d’habiter en ce moment (coucou Slow Club).
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Après les délicieux Anglais il y a quelques jours, c’est donc de l’autre côté de l’Atlantique, au Delaware dont ils sont originaires plus précisément, que l’on a passé la soirée en compagnie des sautillants Américains. Si sur le papier, le Delaware n’a pas l’air d’être l’Etat le plus fun des Etats-Unis – on se remémorera pour l’occasion cette scène absurde du second volet de Wayne’s World –, nos craintes sont vite dissipées à l’arrivée du groupe. Il ne s’agit pas ici de faire une démonstration de pop aérienne ou de slows romantiques mais bien de s’amuser, chasser la grisaille et surtout, de se rouler dans le rock’n’roll.
Si l’on a d’abord l’impression de voir des étudiants en chimie un peu coincés qui s’amuseraient à faire du air guitar avec les instruments du groupe de rockeurs du lycée, force est de constater que les cinq acolytes jouent bel et bien, fort, très fort (RIP notre oreille gauche) et avec une hardiesse qu’on ne leur soupçonnait pas. Plus énergiques, plus débauchés que sur disque, les titres de Nice and Nicely Done, Moonwink et Shy Pursuit se parent de solo de guitare, de grosses percussions et de dérapages pas franchement contrôlés mais plutôt jouissifs.
Jouissif est aussi le spectacle du bassiste du groupe qu’on croirait tout droit sorti de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit ?. Monté sur ressorts, l’Américain tient plus du bassiste des Black Lips que du sage laborantin un peu geek qu’on avait en tête : comme un pantin désarticulé, il ne se ménage pas, entrainant ses compagnons dans sa danse de la pluie possédée. C’est pourtant le soleil qui apparaît dans la salle lorsque le Spinto Band convie sur scène le père de Jeff et Joey Hobson, les frangins du groupe, pour une reprise à trois guitares rock et funky de la BO de Brazil. Le froid a beau régner dehors (il fait dans les – 8000°C devant La Maroquinerie), la température monte d’un cran et frôle la canicule : ça se déhanche, ça rigole, et surtout, ça s’emballe lorsque le quintet dégaine ses petits tubes Later On, The Carnival, Did I Tell You ou Brown Boxes avec une nervosité et une ferveur de jeunes apprentis-punk.
Aucun moment de répit dans ce set construit comme une session de luminothérapie, si ce n’est la très belle chanson de leur guitariste Leave Yourself Alone qui casse un peu le rythme répétitif des autres morceaux du concert. Avant un rappel euphorique et Direct To Helmet qui nous transporte malheureusement plus chez Yves Rocher que dans le bal de fin d’année loufoque et jubilatoire du lycée qu’est ce concert du Spinto Band, on retrouvera, chair de poule aux bras, une version très culotté de l’éternelle Oh Mandy, toujours aussi touchante quoiqu’un peu expédiée – on imagine que les garçons n’en peuvent plus de la jouer. Le mois de décembre, sa déprime et ses températures en dessous de zéro peuvent aller se rhabiller : à Paris hier, c’était l’été.
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