On sait que Berlioz ou Debussy furent pensionnaires de la Villa Médicis mais l’on sait moins, qu’un soir d’été à la fin des années 60, le fils de Balthus, alors directeur de l’Académie de France à Rome, conviait Marianne Faithfull, Keith Richards et Mick Jagger à passer une nuit dans ce sublime palais surplombant la […]
Nicolas Godin, Para One, Torb et Frànçois and The Atlas Mountains : trois jours de concerts sous le ciel romain.
On sait que Berlioz ou Debussy furent pensionnaires de la Villa Médicis mais l’on sait moins, qu’un soir d’été à la fin des années 60, le fils de Balthus, alors directeur de l’Académie de France à Rome, conviait Marianne Faithfull, Keith Richards et Mick Jagger à passer une nuit dans ce sublime palais surplombant la cité éternelle. Là, dans les jardins, à la lueur de la pleine lune et sous les effets de l’acide, la petite troupe voyage dans le temps et croise, dans les allées, un fantôme en habit blanc brodé murmurant en Italien : « Nessuno puo trovare l’uscita » (personne ne peut trouver la sortie). L’anecdote racontée dans les mémoires de Marianne Faithfull est aujourd’hui rapportée lors d’un cycle de visites dédié à la musique à la Villa Médicis, cycle qui se clôturait le week-end dernier en même temps que le désormais célèbre festival de musiques actuelles : Villa Aperta.
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L’occasion, donc, de se décontracter et de passer trois soirées à danser sur les gravillons de la piazzale grâce aux dj sets maîtrisés de Miss Kittin, Louisahhh!!! & Maelstrom, Cassius ou Para One. Un tsunami de gros beats à en faire tressauter de plaisir les bas-reliefs de la façade et à imprimer sur le visage du public (bien présent et majoritairement italien) un sourire persistant.
Invité d’honneur de cette édition, Nicolas Godin présentait durant la première soirée son premier album solo en avant-première. Une chance donc, de pouvoir apprécier en live Contrepoint, projet pensé et construit durant 4 années à partir de l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Mêlant les langues et les grammaires, Nicolas Godin abat les frontières et, malgré un volume sonore un peu faible, enchaîne les morceaux principalement instrumentaux avec une grande élégance. Le lendemain, c’est le duo français Torb qui déploiera en ouverture de la deuxième soirée sa techno moite et chamanique s’accordant à merveille avec le temps caniculaire romain. Parvenant à ravir l’attention d’un public à qui ils étaient tout à fait étrangers les deux jeunes français bidouillent avec aisance leur matériel fabriqué à la main. Résultat : un set habile et entêtant qui fait la liaison entre la grâce de la trance italienne et la techno de Detroit.
Peu avant de sortir de scène, le duo lance à travers une voix féminine une devise répétée à l’envi : « joy, pace, amore. » Trois petits mots qui conviennent parfaitement au moment et, plus généralement, à ce festival musical si particulier. En témoigne la troisième et dernière soirée au cours de laquelle Frànçois and The Atlas Mountains livrera un concert d’une rare beauté. Là, face au soleil déclinant et aux pins parasols, le groupe enchaînera les morceaux, petites bombes explosant au visage d’un public comblé.
C’est beau, c’est bon et ça se donne à fond sur des chorés synchronisées bref c’est le temps fort de ce festival qui n’est pourtant pas encore terminé. Bientôt, Magic Malik, flutiste inspiré qui exerçait son devenir animal en première partie reviendra sur scène et emportera le cœur du public médusé – public allant même jusqu’à le rebaptiser « l’as des as » (« l’asso degli assi » en italien). De quoi donner la mesure du talent de ce musicien curieux et ouvert, capable d’enchaîner un duo avec Dj Oil après un featuring avec Tony Allen. Ce dernier clôt en effet les lives de cette sixième édition de Villa Aperta. Accompagné de nombreux musiciens, cet infatigable bâtisseur de l’afrobeat plonge les 2000 têtes dodelinantes présentes dans un bain de groove salvateur. L’ensemble fera danser jusqu’aux plus réfractaires avant que Para One prenne le relai avec un dj set habilement scénarisé.
Pour le reste, les récits légendaires en cours d’élaboration (et peut être bientôt contés lors de visites guidées ?) évoquent, notamment, un aftershow d’anthologie, Para One mixant généreusement jusqu’au petit matin dans un splendide appartement. Au lever du jour certains racontaient même avoir croisé des revenants étourdis dans les allées du jardin. Nul doute que le festival Villa Aperta restera une étape importante dans l’histoire musicale de cette Villa où même les fantômes aiment à se laisser enfermer.
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