Le monde l’attendait : les Libertines se sont reformés ce week-end en Angleterre. Des concerts répétés en catimini aux shows bouillants, récit, photos et vidéos de l’un des événements de l’année.
La salle se remplit peu à peu. On voit passer des têtes connues : des membres des Babyshambles, des Dirty Pretty Things, des Cribs et même Amy Winehouse, sagement assise au balcon. La foule devient dense, et l’accès à la fosse est pratiquement impossible à quelques minutes du début du concert. Les derniers réglages des instruments sont encore en cours quand trois techniciens déroulent lentement un gigantesque drap rouge à l’effigie de la pochette d’Up The Bracket. Le noir se fait, les hurlements du public couvrent presque la très appropriée musique d’intro, We’ll Meet Again de l’antiquité Vera Lynn, que Barât et Doherty affectionnent particulièrement. De veilles photos des Libertines défilent sur deux écrans géants accrochés sur les murs de la salle. « J’attends ça depuis six ans » nous lance un jeune anglais déjà en transe, « tu ne peux pas savoir à quel point on a galéré pour avoir ces places, mais je suis tellement heureux d’être là ».
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Quatre silhouettes se profilent. Pete, Carl, John et Gary : les Libertines sont bien là, au complet et débutent les hostilités sans un mot par les riffs sauvages d’Horrorshow. Contre toutes attentes, le son est bon, les voix assurées et le set parfaitement en place. Doherty s’agite comme un pantin désarticulé. Barât tape du pied et martyrise nerveusement sa guitare. Comme au bon vieux temps, Powell frappe sa batterie comme si ça vie en dépendait, sous les yeux de l’imperturbable Hassall, vissé au sol.
Du premier étage, la fosse ressemble à une mer déchaînée et chante d’une seule voix les paroles du tube d’Up The Bracket, que le groupe enchaîne directement avec le plus rare The Delaney. Amy Winehouse se déhanche au balcon, mais ne détourne pas l’attention du public qui n’a d’yeux que pour les quatre musiciens, guette leurs réactions et signes d’affection. Barât passe au chant pour l’infatigable Vertigo, très vite rejoins par Doherty avec lequel il partage son micro pour la première fois du concert. Les frères ennemis se collent l’un à l’autre, se frôlent et c’est toute l’alchimie d’autrefois qui refait surface après des années de brouilles. Accompagnée des clappements de main de la foule qui semble connaître les moindres soupirs et changement de rythmes des titres, la batterie de Last Post On The Bugle sépare le couple un instant.
Ils se réunissent de nouveau sur le plus calme Tell The King. Powell se lève pour saluer la salle, mais le groupe ne lâche toujours pas un mot et lance, sans prévenir, les premières notes de Boys In The Band, repris une fois encore en chœur par le public. La voix arrogante de Barât répond à celle plus fragile de Doherty : on avait presque oublié à quel point ces deux-là se complètent miraculeusement sur scène.
Comme le concert de reformation de Blur à Hyde Park l’été dernier, celui des Libertines prend des allures de fête nationale lorsque arrive le déchirant Music When The Lights Go Out. Résumé musical de tout un pan de l’histoire du groupe, le morceau, chanté ensemble par Pete et Carl, fait office d’hymne pour tous les fans réunis au Forum. Certains versent une larme, d’autres, tête en arrière et bras levés vers le ciel, semblent possédés par une force mystique. Tous paraissent parcourus de frissons, se sautent dans les bras et s’étreignent comme si la paix dans le monde venait d’être proclamée.
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