Le monde l’attendait : les Libertines se sont reformés ce week-end en Angleterre. Des concerts répétés en catimini aux shows bouillants, récit, photos et vidéos de l’un des événements de l’année.
Ils sont quatre et leur simple réunion sur la scène d’une salle londonienne du quartier de Kentish Town réussit à provoquer un déchaînement de cris et de larmes dans le public. Mais “ils », ce sont les Libertines, les enfants terribles du rock britannique qui alimentent depuis six ans la presse musicale et les unes des tabloïds avec leurs frasques, leurs tristes dépendances et leur banale histoire d’amitié gâchée.
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Si ce soir, les Anglais réalisent le rêve de centaines de fans transis, tout n’a pourtant pas été si huilé. En 2004, le groupe se séparait après deux ans de vie commune totalement chaotique. Le groupe venait de sortir un second album déchirant, enregistré dans l’ombre de gardes du corps chargés d’empêcher l’entrée de drogues en studio et les bastons au sein du couple infernal Doherty/Barât. Et depuis six ans, le groupe a entretenu le mystère autour d’une possible reformation.
Rencontres hasardeuses dans des pubs de la capitale anglaise, déclarations troubles, rumeurs infondées et retrouvailles émues (et sans lendemains) au Hackney Empire de Londres en 2007 : la reformation des Libertines a suscité suppositions et commentaires douteux. Jusqu’à ce jour de mars 2010 où, devant une foule de journalistes incrédules entassés au Boogaloo Pub, leur QG de l’East London, les quatre lads sont apparus ensemble pour la première fois lors d’une conférence de presse improvisée pour annoncer leur réunion si attendue aux festivals de Leeds et Reading.
Une conférence de presse bordélique, durant laquelle lire entre les lignes se révèle plus parlant que les discours des principaux protagonistes eux-mêmes. Personne n’est dupe : c’est principalement l’argent qui a motivé cette reformation. On parle de 1,5 millions d’euros à se partager pour deux sets d’une heure. Même si la somme monstrueuse est abordée par un rédacteur téméraire, elle est balayée de la main par un Pete Doherty qui n’a d’yeux que pour son acolyte de toujours, Carl Barât. Aux côtés des plutôt discrets John Hassall et Gary Powell, bassiste et batteur émérites du quartet, les deux complices font le spectacle et se rabibochent en direct – leur histoire a toujours été publique.
Les regards fuyants en disent longs, les embrassades sont maladroites mais sincères. Les quatre se cherchent, se coupent la parole, se vannent et explosent de rire sans raison. L’atmosphère instable qui règne ce jour là au sein du groupe fraîchement reformé annonce déjà la couleur : sous ses airs bon enfant, la réconciliation n’est pas aussi simple qu’ils veulent bien le laisser croire. Si, dans la presse, les Libertines s’étalent en déclarations d’amour, la réalité n’est en effet pas toujours aussi rose. Doherty est aux abonnés absents lorsqu’il s’agit de répondre aux coups de fils de Barât qui, de son côté, se concentre sur la sortie de son album solo et l’arrivée de son premier enfant. Exilé au Danemark, Hassal vient tout juste d’être papa et ne manque pas une occasion de rappeler qu’il préfèrerait être avec son fils qu’à Londres ; tout comme Powell, qui vient en plus de monter un nouveau groupe, The Invasion Of… .
Les répétitions pour les deux concerts de retrouvailles tardent à commencer et s’avèrent plus compliquées que prévu. Malgré une vidéo live rassurante d’Horrorshow postée par Doherty sur sa chaîne YouTube et l’annonce d’un concert de préchauffe au London Forum deux jours avant la reformation officielle de Leeds, les rumeurs cavalent sur l’ambiance catastrophique qui règne au sein du groupe. Comme à l’aube de leur séparation en 2004, Doherty arrive de plus en plus en retard, pendant que Barât l’attend au pub. Même les amis du groupe de passage au studio The Joint se disent gênés face au climat tendu des répétitions – malaise confirmé lors du concert privé donné au Forum pour leurs proches la veille de “notre” concert de chauffe. Ils jouent ainsi un set froid et distant, durant lequel Barât et Doherty n’échangent pas le moindre regard pendant plus d’une dizaine de chansons.
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C’est donc avec une certaine appréhension qu’on arrive le lendemain au London Forum devant lequel s’entassent déjà depuis des heures les heureux chanceux qui ont gagné le droit de pouvoir acheter une place – un tirage au sort permettait de recevoir un code donnant accès au fameux sésame. Le pub du coin est plein de fans débattant sur l’intarissable sujet “viendront, viendront pas?” et arborant fièrement leurs t-shirts Libertines, certains déjà vintages. “J’aimerais comprendre pourquoi tous ces gens sont là pour les Libertines alors que tout le monde sait que Pete Doherty est un connard”, s’interroge un ingénieur du son de la salle penché sur le comptoir une pinte à la main, tandis que derrière, les places pour le concert se négocient en direct au téléphone pour des centaines de livres.
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