Quatre jours de show délirant, quatre jours de pluie, de soleil et d’orage. La 31e édition de La Route du Rock, c’était du 16 au 20 août 2023 à Saint-Malo et c’était mémorable.
Mercredi 16 août, 7h04. Direction Saint-Malo. Le festival malouin commence officiellement jeudi 17 août, mais on ne voulait pas louper les quatre ami·es de The Psychotic Monks qui se produisaient le mercredi soir dans la salle de La Nouvelle Vague. Le concert était excellent. La bande de blond·es était révoltée, libérée, frissonnante.
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Le groupe, qui se présente comme étant contre un rock “viriliste”, continue de marquer les esprits avec sa charte envers les discriminations. À l’aube de leur tournée, en mars, iels avaient posté une série de principes essentiels parmi lesquels “chaque personne, quel que soit son genre, son orientation sexuelle, sa couleur de peau, son âge, son origine sociale, son handicap, sa taille et son poids, est la bienvenue à nos concerts”. Le guitariste et chanteur principal portait avec assurance et sédition un marcel blanc sur lequel était écrit en rouge “Binary doesn’t exist”.
25 000 festivaliers, un total qui fait plaisir
Tout au long du week-end, le festival a compté 18000 entrées payantes et un total de 25000 personnes à La Nouvelle Vague et au fort Saint-Père. La fréquentation a été, cette année, bien plus rassurante et satisfaisante que l’édition précédente, en 2022, plus décevante avec ses 13000 entrées.
Jeudi 17 août. Direction le Fort de Saint-Père pour la soirée la plus attendue du festival. Au programme : Viagra Boys, King Gizzard & The Lizard Wizard, Dry Cleaning, Gilla Band, M83, Jonathan Personne et Special Interest. Mauvaise nouvelle, on apprend que les Viagra Boys ne pourront être présents. C’est donc Squid, prévenu à la dernière minute, qui remplacera le groupe de post-punk suédois, contraint de se retirer pour des raisons de santé. Le groupe de post-punk anglais, originaire de Brighton, s’empare tout de même du public, malgré sa déception. Alors, pour rendre hommage à Viagra Boys, le groupe anglais a repris l’iconique morceau Sports des Suédois, sorti en 2018 sur leur premier album Street Worms.
Au loin, on entend les riffs endiablés des quatre rockeurs irlandais de Gilla Band (Dara Kiely au chant, Alan Duggan à la guitare, Daniel Fox à la basse et Adam Faulkner à la batterie). Ils ont littéralement mis tout le monde d’accord, du moins les puristes. Puis M83 enchaîne sur la grande scène du festival pour un moment tout en douceur. Anthony Gonzalez, auteur des classiques Midnight City et Wait et leader de la bande, confie avec émotion : “Il y a 20 ans, je vivais mon plus beau concert. Je ne sais pas si les musiciens derrière moi étaient nés mais moi j’étais là avec vous et c’était incroyable.”
King Gizzard & the Lizard Wizard, les infatigables
Puis vient le tour des six géants de Melbourne, King Gizzard & the Lizard Wizard. Les Australiens ont débarqué sur la grande scène pour un show d’une heure et demie. Infatigables, ils ont enchaîné avec une monstrueuse quantité de leurs productions (rappelons qu’ils ont sorti en l’espace de treize ans deux albums par années, soit 23 albums !). Et comme à son habitude, le groupe a tout retourné sur son passage, avec ses sonorités rock et psychédéliques tant appréciées (petit bonus pour les super salopettes du leader, chanteur, flûtiste et guitariste Stu Mackenzie et du guitariste et chanteur Joey Walker).
Vendredi 18 août. Grand Blanc ouvre le bal et remplace la musicienne Billy Nomates. La soirée se poursuit avec les cultissimes Yo La Tengo. Le groupe de rock originaire du New Jersey, formé en 1984, a ému l’entièreté du festival. Les trois membres Georgia Hubley, Ira Kaplan et James McNew s’échangent les rôles, les instruments, le tout en interprétant leur dernier disque The Stupid World, sorti plus tôt cette année. Vient l’heure d’accueillir les cinq sauvages du groupe de garage rock américain, Osees. John Dwyer, le leader et chanteur, bouffe littéralement son micro, joue de la guitare sur sa tête, casse des genoux et ravage des cerveaux.
Nos têtes justement, qui ne cessent de faire des headbangs, se retrouvent devant le trio Clipping., mêlant hip-hop et musique expérimentale. C’était fou. Le rappeur américain Daveed Diggs sort banger sur banger et rappe à une rapidité folle au rythme du live machine, entre expé, techno et bass music, de ses deux compères Williame Hutson et Jonathan Snipes. Seul regret : c’était trop court ! Le concert aurait pu encore durer deux heures sous la pluie que ça ne nous aurait pas dérangé.
L’instant berceuse de Grand Blanc sur la plage de Saint-Malo
Samedi 19 août. Après cette troisième soirée bien agitée, on retrouve tranquillement le groupe français Grand Blanc sur la plage d’Arte Concert à Saint-Malo. Les quatre ami·es bercent toute la plage de Bon-Secours avec les magnifiques titres Ailleurs et Immensité. On retrouve Benoît David au chant et à la guitare, Camille Delvecchio au chant, au clavier et à la harpe, Vincent Corbel à la guitare basse et Luc Wagner à la batterie. C’était beau, émouvant, doux, divin et léger. Tout ce qu’il nous fallait pour profiter pleinement du soleil malouin.
The Brian Jonestown Massacre, héros de La Route du Rock
Après cette agréable sieste et après avoir attendu une nouvelle fois 40 minutes la navette direction le site du festival, nous reprenons les hostilités. Pour cette dernière soirée, on mise tout sur le groupe de rock indé américain The Brian Jonestown Massacre. Et on a eu raison. Les sept camarades, qui ont sorti 20 albums en trente années de carrière dont le dernier, The Future is Your Past, est sorti cette année, nous ont offert un show d’une intensité folle, complètement démesuré. Le son des guitares, des claviers et de l’ampli saturé se sont entremêlés jusqu’à créer l’apothéose du festival.
On termine le séjour sur une note mythique du répertoire de Jamie xx, membre du super groupe The xx, aux côtés de Romy et Oliver Sim. L’artiste britannique termine son live sur le classique, sublime et fédérateur Gosh. Parfait pour aller “se reposer” une dernière nuit dans nos tentes.
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