Hier soir, Joke présentait son EP « Tokyo » devant le public Parisien, au Pan Piper (11e). Un concert en petit comité pour un crescendo bien senti. On y était, on vous raconte.
La longue file d’attente qui court dans l’impasse Lamier ressemble à un mini-défilé : les hipst-hop de Paname ont répondu présent pour Joke, le jeune rappeur de Montpellier (on dit MTP, ouais). Le style est international, les casquettes sont à l’envers, le bonnet vissé sur la tête, la chemise en jeans est ouverte sur un T-shirt blanc, pour un swag résolument américain. En attendant le rappeur de 23 ans qui commence sérieusement à faire parler de lui, on s’écoute du son Made In USA : Kanye West ft. Chief Keef sur Mercy, ou le maître Rick Ross, le tout sur une sono bien propre (le système son est impeccable). Les jeunes (et les anciens aussi) tournent en rond dans la salle en attendant la relève du rap français…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le DJ-Set de 45 minutes prend fin, salle dans le noir et tout le monde pousse des cris (un classique) quand le néon qui marque Joke dans le fond de salle s’allume en rose (comme sur la pochette de l’EP). Le mec déboule sur scène et balance direct deux sons tirés de son précédent EP en commençant par le titre éponyme, Kyoto : « Croise-moi dans le club avec une belle anglaise, Tous tes gars sont très lents, partout je peux tré-ren ». Dans la petite salle du Pan Piper – il doit y avoir 700 personnes peut-être –, les gens connaissent les punchlines sur le bout des doigts. Joke enchaîne avec Scorpion Remix et scande son refrain assassin, ‘Pas le même génie, pas le même flow’, devant un public qui saute en reprenant ses paroles, mains en l’air. La prochaine se passe sur son EP Tokyo, petite bombe de cette année hip-hop en France, et c’est le beat de Tokyo Narita qui part, rapide et compacte. Joke y matraque son flow avec précision et facilité, un phrasé plus brut et musclé que sur ses titres studio. Il prend toute de suite les choses en mains et impose son style haut perché qui navigue entre les Etats-Unis, la France et le Japon. Avec lui on voit du pays sans bouger d’un pouce.
Pendant l’heure et demie de concert, il prend le temps de discuter avec le public et tout le monde rigole quand il annonce une chanson pour les « gros bouly » : « est-ce qu’il y a des gros boules dans la salle ? ». La réponse est oui (c’est une fille qui le dit). Le morceau s’appelle BBG et avec lui on chill à la coule… Joke sillonne la scène en toute détente, micro en main, et gonfle sa voix au fur-et-mesure des morceaux. Ils se taillent un peu avec son backer, enchaînent les morceaux : Cristal (le champagne millésimé qu’on boit à la paille, normal), Louis XIV ou encore Max B, hommage au rappeur américain qui a pris 75 ans de prison (c’est long). Les interludes sont soignés, à base de Dr. Dre The Message et c’est encore du luxe décontracté sur 501 et lunettes Cartier, puis des potes sur Aurore Boréale, puisque Titan se pointe sur scène pour un feat. bien claqué. On rigole des les premières punchlines : « Je débarque dans ce jeu car j’le vaux bien comme l’Oréal, On est sur ma dick sur la chatte à Bettencourt ». A mi-concert, le mec de MTP est au top et il demande au public de foutre le bordel. Ok. Les jambes se délient et ça danse un peu partout dans le Pan Piper.
L’apogée arrive avec Django chanson lunaire au beat délayé, et pendant un moment on se demande vraiment où on est. Réponse : loin. On flotte sur les nappes synthétiques, on rebondit sur les basses, et Joke saute dans le public pour petit tour de slam… Il remonte sur les planches et envoie en rappel son Scorpion Remix avec Mc Tyer qui monte sur scène (il y avait aussi Sadek dans le public…). En 90 minutes d’une montée bien sentie, Joke a réussi à faire bouger les têtes sans laisser de répit au public. Tokyo versus Kyoto : Joke en concert c’est un beau crescendo, un joyeux bordel (et ça ne fait que commencer).
{"type":"Banniere-Basse"}