Dimanche 6 juin, Jay-Z donnait un concert à Paris Bercy. Un événement exceptionnel aux allures de pèlerinage.
Pour beaucoup, aller voir un concert de Jay-Z équivaut à un pèlerinage, le genre d’événement qui marque une vie et vous fait atteindre un niveau supérieur. Au vu du chemin balisé menant du parterre du Palais Omnisports de Paris Bercy à la fosse et de la foule qui s’y massait religieusement hier, pas besoin d’attendre le début du concert pour valider la comparaison.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le lieu Saint ? Bercy, cette grande salle hostile où le malaise vagal n’est jamais loin. Pas de bol pour ceux qui y succomberont avant l’arrivée du rappeur, pendant l’heure d’attente imposée après la défection de la Sexion d’Assaut. Un « problème de type ricain » à en croire le groupe, qui écrivait aujourd’hui sur son blog « les Américains ont l’habitude de manquer de respect aux chanteurs français mais ca ne sera pas pour cette fois-ci. » Ok les gars, de toute façon personne n’est vraiment désolé dans la salle. Normal, tout le monde est là pour voir Shawn Carter, le plus crédible des autoproclamés « best rapper alive ».
En attendant donc on prospecte : Beyoncé rejoindra-t-elle son mari sur Young Forever comme à Coachella quelques semaines plus tôt ? Le commentateur de Roland Garros où le couple se prélassait quelques heures plus tôt et qui a prononcé « Jizé » est-il passible de la peine de mort ? Il sont où les gradins D ? Tant de questions existentielles qui trouvent un terme au moment où un compte à rebours de 10 minutes s’affiche sur les écrans géants et que débute Hypnotize de Biggie. 600 secondes (c’est long) et un bout de Live and Let Die des Guns N’ Roses plus tard, Jay-Z déboule sur scène et des dizaines de milliers de mains se lèvent pour former un diamant, attribut majeur de la mythologie Jay Hova qui surplombe depuis plus de dix ans le rap game. Une fois balancée l’intro de Roc la Familia c’est la voix de Rihanna qui retentit pour Run This Town, morceau fédérateur s’il en est, capable de faire se trémousser petits bourgeois égarés et vrais fans venus en masse – parfois même vêtus de maillots des Yankees. S’ensuit un enchaînement calculé de morceaux du dernier album et de classiques particulièrement appréciés par les serveurs de la buvette de la salle qui auront passé la soirée à bouncer les bras en l’air. D’un naturel déconcertant, Jay-Z s’adresse à la foule sans faire de vraie pause et chacun de ses mouvements dégage quelque chose d’assez extraordinaire, à la fois surplombant et protecteur. Au bout de quelques morceaux, c’est Memphis Bleek qui rejoint son poto sur Takeover pour ne plus le quitter. Is That Yo Bitch, The Bounce, Heart of The city (Ain’t no love) s’enchaînent suivi du très attendu Empire State of Mind repris en choeur par la salle entière ainsi que la mystérieuse doublure scène d’Alicia Keys. Les briquets s’allument tandis que l’écran géant diffuse des images de buildings new-yorkais illuminés. Mythologie on a dit.
Malgré un choix quelque peu douteux au niveau des arrangements (Linkin Park n’est pas loin), le show s’avère millimétré sans toutefois donner l’impression d’un abattage répétitif. Jigga My Nigga, Swagga Like Us, Show Me What u Got et Can I Live se succèdent avant un étrange interlude où Jay-Z invitera la foule à faire tourner les serviettes. Hard Knock Life vient toutefois faire oublier cette référence inattendue à Patrick Sebastien – que Jay-Z ne doit pas connaître même s’il affirme que la France est « comme sa seconde maison ». Oué oué. Une chose est sûre : ceux qui ont eu l’insigne honneur d’être pointés du doigt et dévisagés par le rappeur ne devaient plus connaître leur adresse en sortant de la salle quelques minutes plus tard.
Avant-dernier morceau, Young Forever marque un moment d’une rare intensité accentué par les paroles du morceau original d’Alphaville chantées d’une seule voix par la foule. « Heaven can wait, we’re only watching the skies ». Oui, en l’occurrence un mec tout seul qui semble être l’homme le plus serein du monde et auquel font face des milliers de mains levées en guise de communion.
Photo slider : Des dizaines de milliers de mains se lèvent pour former un diamant (crédit : Uglymely)
{"type":"Banniere-Basse"}