Devenu le second festival de France en termes d’affluence, le Hellfest recevra plus de 150 000 fans de Metal sur cette édition 2014. Plutôt « Bigger is better » que « Less is more » dans l’esprit, la programmation et la scénographie, le festival a transformé Clisson (44) en étape incontournable dans la ronde des festivals d’été.
Le temps passé à se garer augure-il du succès d’un festival ? Apparemment oui, puisque au fil des ans la chasse à la place de parking à moins de 15 minutes des portes de l’Enfer a des allures de gymkhana.
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Car le Hellfest 2014 a attiré dans ses filets rien moins qu’Iron Maiden, Aerosmith, Black Sabbath, Deep Purple ou Slayer. Toujours amusant d’observer les panneaux « réservés à l’affichage municipal » et d’y voir les affiches détaillant les logos de ces légendes du genre, rois d’un jour dans une paisible cité de 7000 habitants.
« Clisson Rock City »
Or si le Hellfest n’en finit plus de franchir des paliers en terme de programmation, il se démarque aussi côté visuel. Avant même d’avoir entendu une note, on est déjà marqué par les premières sculptures : entre la guitare géante à l’entrée qui répond au lettrage en fer forgé proclamant fièrement « Clisson Rock City », pas d’erreur, le pays du muscadet se change en capitale Metal à chaque solstice d’été ! Avec ce soupçon de french touch scénographique qui fait que le Hellfest se démarque par son côté « Versailles des festivals », mais classieux, sans grandiloquence ni tape à l’œil. Où les festivaliers se sentent si bien qu’ils reviennent y planter leur tente chaque année plus nombreux.
C’est donc noire de monde comme une plage de la Costa Brava au 15 août, que la prairie clissonnaise attend, – enfin – Iron Maiden. On espérait un peu naïvement que le match France-Suisse décolle quelques milliers de festivaliers de l’onde Maiden. Il n’en fut rien ! Depuis le temps que le Hellfest les espère, les Britanniques n’avaient plus qu’à se pencher pour ramasser les louanges.
Corps moites et serrés
Le groupe qui personnifie le mieux le genre et sa ténacité signe ce soir un record d’affluence. Danse de Saint-Guy collective, corps moites et serrés, circle-pits qui font jaillir la poussière et slammeurs à bloc, fût-ce à 50 m de la scène : rien ne manque pour saluer les brontosaures chéris du genre, qui terminent ici leur tournée Maiden England : Part 2, revisitant maint classiques 80’s avec brio, même si personne n’aurait craché sur un quart d’heure de plus (prévu au programme).
Contrairement à la plupart des grands festivals Metal, le Hellfest ne s’étend pas en longueur, mais en largeur. Et malgré les aménagements, telle la sortie du carré VIP loin de la foule déchainée, afin de « caser » plus de monde sur la droite : claustros s’abstenir ! Toutefois la fréquentation d’un festival comme sport de combat cesse dès la fin du set de Maiden qui est veni, vidi et totalement vici. Et bien que le son toujours titanesque de Slayer nous aimante vers l’autre mainstage, tel la flûte du joueur de Hamelin, la prairie retrouve alors des airs plus intimes.
Slayer toujours présent
On ne sait si toutes ces sornettes marketing de Big 4 qui virent ces dernières années tourner ensemble Slayer, Metallica, Megadet et Anthrax ont un sens. Car on ne compte ce soir qu’un Big One apte à faire trembler les sols de Californie ou d’ailleurs, et c’est Slayer. La mort de Jeff Hanneman, principal compositeur, puis le second renvoi du batteur à huit bras Dave Lombardo l’an dernier ont fait douter quant au bel avenir du groupe. Mais Slayer est toujours apte aux « Demolition Parties ». Nous cajolant les oreilles à base de fines douceurs vintage et raccord avec l’esprit Hellfest.
Lisez plutôt ces titres : Hell Awaits,Captor of Sin, The Antichrist ou Angel of Death. Mission accomplie, l’herbe ne repoussera pas, les oreilles non plus. En parallèle, sous la tente Altar, un tribute à Chuck Schuldiner, âme du death-metal décédé en 2001 se produit sous le nom de Death, sans que ses ex-acolytes n’en retrouvent le mojo. On aura aussi picoré du vingt ans d’âge extreme entre Nocturnus, premier groupe death à usiter de claviers dès 1990 ou Enslaved, norvégiens aujourd’hui adeptes d’une sorte de « black métal ambient » aussi planant que convaincant. Et c’est recru de fatigue, ayant mangé la poussière par les deux bouts, que l’on abdiquera au milieu du set de Death Angel, en dépit d’une prestation furieuse des thrashers californiens et d’un son délectable. Parmi la masse de « ticheurts » aux slogans de tous poils, on s’étonne juste – en rampant bas –, de ne pas en trouver un proclamant « trop vieux pour ces conneries ! ». Même si l’on sera malgré tout encore dans l’arène dès demain.
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