Granville, ou une certaine et belle idée de la nouvelle vague pop française, jouait mercredi au Point Ephémère : on y était, on vous raconte.
Voilà maintenant quatre mois que l’on attend de voir Granville sur scène, nouvelle vague de la pop française. Que de frustrations devant leurs clips et autres formats numériques écoutés en boucle, eux qu’on rêverait plutôt sur une plage de leur Normandie natale, avec un cornet de frites bien salées à la main.
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Ce sera pourtant en salle, au Point Ephémère : il est 20h33, les Normands sont à l’heure pour leur première partie. La salle se remplit timidement, la scène aussi, on garde bien nos distances. La benjamine de la classe, c’est Mélissa, la chanteuse. Ce soir, c’est sa première fois à Paris alors elle a sorti une robe de bal à ruban, un lipstick carmin et de jolis souliers à bride. Elle affiche une moue boudeuse, comme une pomme reinette qui attendrait vainement qu’on la sorte de la dépense/cellier. De ses lèvres filent des paroles cajolantes dignes d’une comptine pour adolescent. Ses trois musiciens la bercent et finissent par avoir raison de sa figure timide au bout du troisième morceau. Elle sourit en douce à son guitariste, comme un enfant à sa mère devant un inconnu. On pourrait se vexer mais non, le public se laisse valser et séduire, de droite à gauche.
Granville ou le syndrome de Peter Pan, les voilà qui entonnent la tristesse de ne plus pouvoir enfiler cette petite robe d’enfant, la joie de collectionner des vieux polaroids dans sa chambre ou encore d’élaborer une fugue sur l’île de Jersey… Qui aurait cru qu’on aurait pu remettre au placard la langue de Shakespeare habituellement si chère aux groupes normands ? Car Granville n’ose pas la pop en français, Granville la chante en toute simplicité.
Sur leur fameux Slow, le gobelet de bière tiède me glisse des doigts. Me revoilà dans La Boom, sauf que Sophie Marceau ne portait pas elle un vieux hoodie et des lunettes écaille. Le bassiste chatouille ses cordes, la grosse caisse résonne, mon cœur palpite et mon voisin se rapproche. Pas question de se toquer. Déjà le dernier morceau avant de laisser place au folk bordelais de Botibol. Une nouvelle composition détonante, pas même baptisée. Dévoilant une énergie rock, Granville saute ici volontiers la barrière de potentiel pop. Imaginez le blouson noir des Black Keys enfilé sur les épaules de Véronique Sanson, un mode d’emploi pour grandir de dix centimètres en trois minutes… Vient le dernier accord. On rallume la salle de bal, véritable champ de bataille de gobelets vides.
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