Hier soir, Girls Names présentait son second album « The New Life » sur la scène parisienne du Point Ephémère. Le quatuor caennais Gomina était chargé de la première partie. On y était, on vous raconte.
21 heures : trois mois après les avoir découverts en concert aux 34ème Transmusicales de Rennes à L’Etage, on est ravi de retrouver le quatuor caennais Gomina en première partie de Girls Names. L’écran sur lequel est projeté un kaléidoscope mouvant et envoûtant n’est pas sans rappeler l’oeuvre de John Dahey et la pochette de l’album The Eternal de Sonic Youth. Avec Gomina, il n’est pas nécessaire de prendre des psychotropes. Le chanteur-batteur – avec son habituel bonnet gris vissé sur la tête – délivre une dose de bonne-humeur nécessaire pour survivre à la morosité hivernale. Les finalistes du concours inRocKs lab 2012 en profitent pour gratifier le public de deux nouveaux morceaux surprenant qui mêlent l’effervescence de The Chap, la folie psyché de MGMT mais celle aussi de Tame Impala. Gomina persiste à vouloir s’éloigner de l’habituel couplet/refrain et c’est tant mieux. La désormais classique Too Long clôt cette première partie en beauté.
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Il est 22 heures lorsque les quatre musiciens de Girls Names font leur entrée en scène. Mais dès Drawing Lines, puis Hypnotic Regression, la voix mi-grave – mi-douce – de Cathal Cully reste scotchée au sol, étouffée par la basse de Claire Miskimmin et la guitare de Philip Quinn : véritable mur du son. Douce ironie lorsqu’on se rappelle du titre Bury Me, tiré de leur premier essai Dead to me dans lequel on pouvait entendre : « Bury me in a wall of sound ».
Après avoir lancé quelques regards équivoques en direction de la technique les avaries sonores s’évanouissent et finissent par laisser place à A Second Skin, morceau énergique et mélancolique aux riffs véloces éxécuté avec précision. Le quatuor de Belfast nous plonge alors pendant 45 minutes dans une machine spatio-temporelle formidable. Girls Names parvient à réunir le souvenir de groupes et d’influences contraires. Ils réinventent ainsi des mélodies qui ravissent les nostagiques de The Field Mice mais aussi ceux de The Pastels. Un grand-écart habile et agile sans que cela ne deviennent un vain hommage aux 80’s ni une suite de plagiats désagréables.
Davantage calme, plus contemplative, plus lourde que les quatre premiers morceaux : l’interprétation patiente et méticuleuse d’Occultation provoque une vague de frissons avant de conclure en proposant une douce folie qui renvoie aux Pastels. L’interprétation de The Olympia et de Pittura Infamante confirme leur propension à faire évoluer leurs chansons vers des classiques immédiats. On pense à la noirceur de la coldwave de The Cure, au post-rock de Faris Badwan (The Horrors), parfois aux Pixies; mais ces chansons sont bien les leurs : avec des rythmiques intenables et enflammées qui leurs sont propres.
Le quatuor irlandais décide de plier bagages à 22h45 en livrant un final héroïque. Le mur du son dont Cathal Cully se plaignait au début du concert semble être de retour, mais conformément à leur volonté cette fois-ci. Les guitares commencent alors à bourdonner, le leader de Girls Names s’agenouille une dernière fois afin de gratter sa guitare à terre. The New Life, pop sombre assaisonnée de krautrock, achève les derniers récalcitrants et comble les autres. On ressort sonné : leurs mélodies planantes et graves ont touché leur cible.
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