Les Parisiens de Beat Mark rencontraient les Californiens de Fresh and Onlys hier soir dans un Point Éphémère brûlant. On y était, on vous raconte.
On reproche souvent aux journalistes musique une certaine obsession météorologique. Mais voir un concert par -15 ou par 30 degrés, sous une pluie battante ou dans une salle étouffante ne revient pas exactement au même. On commencera donc ce compte-rendu de concert par un très court point météo : c’est dans un Point Éphémère aux allures de sauna, rempli de t-shirts mouillés et dégageant une bonne odeur corporelle, que l’on retrouve Beat Mark.
Formé à Paris, Beat Mark a pour chanteur le prolifique Julien Perez, ex-leader d’Adam Kesher qui mène désormais une carrière solo tendance Daho en plus sombre sous le nom de PEREZ (voir notre portrait). A ses côtés, un guitariste, une claviériste et une batteuse. S’il n’y a franchement pas grand monde pour cette première partie, les Beat Mark n’en gardent pas moins la pêche. Leurs morceaux, repérés il y a trois ans pour leurs jouissifs squelettes pop psyché, sont, sur scène, passés à la moulinette rock garage, la guitare se faisant puissante, hargneuse, couvrant presque les chœurs et le clavier. Mais attention, pas de faute de goût ici, le rendu reste léger, jusque dans son point final en forme de déferlement instrumental.
Ce n’est pas une coïncidence si les Parisiens ont été choisis comme première partie des Fresh and Onlys. Les deux groupes ont un amour commun pour le rock garage, le psychédélisme et les mélodies bien tournées. Nés dans la baie de San Francisco, les Californiens font chavirer nos cœurs depuis 2010 et leur premier ep, August In My Mind. Trois ans plus tard et un album magique sous le bras (Long Slow Dance, sorti en 2010), ils rejettent le label « rock garage » que trop de médias ont voulu leur coller et assument pleinement leur facette pop psyché.
Mené par Tim Cohen, chanteur au physique d’ourson, le groupe se montre plus loquace que par le passé, répétant à maintes reprises combien ils se sont bien emmerdés durant leurs concerts anglais, et combien le public parisien leur est agréable. Pas de meilleur moyen pour conquérir un public, de surcroît déjà acquis à la cause. Les premiers rangs murmurent les refrains, les bras se lèvent et se balancent comme caressés par un vent californien, les cœurs se serrent et les têtes dodelinent.
Lors d’une interview au printemps dernier, Tim Cohen nous avait déclaré, au sujet du tire de leur album qui cache l’acronyme LSD : « L’album est mélancolique mais a pour titre LSD: ça résume bien notre esthétique ». ça résume aussi très bien leur concert, tout à la fois mélancolique et léger, serre-cœur et barré.