Emile Sornin, leader magnifique et halluciné de Forever Pavot, était hier soir sur la scène du Point Ephémère, à Paris, pour défendre le sublime Rhapsode, sorti l’année dernière chez Born Bad Records. On y était, on vous raconte.
Le concert de ce soir affiche complet et ce n’est pas le jeune blondinet un peu hagard venu en vain essayer de grappiller une place auprès du videur qui viendra dire le contraire. On ne déconne pas avec la jauge. Alors que la salle se remplit doucement, Calypso livre un set coolos, façon Dick Dale (Alex, le guitariste, est un ancien du groupe punk-surf The Cavaliers), aux tonalités disco et caribéennes. Histoire de rappeler que le printemps a débarqué plus tôt que prévu cette année.
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Si Paris avait hier soir les yeux rivés sur Stamford Bridge, le concert de Forever Pavot n’en demeurait pas moins l’évènement de ce début d’année 2015, récompensant ainsi l’énorme succès public et critique de Rhapsode et marquant le coup pour Born Bad, après une année 2014 riche en signatures et rééditions psyché (l’anthologie Psychedelic Sanza 1982-1984 de Francis Bebey est, notamment, à découvrir d’urgence).
Une puissance sonore carrément hallucinante
Et en ces temps de revival psyché, justement, Sornin fait figure de promesse inespérée. Arrangeur de génie, moins bricolo que ne l’était un François de Roubaix, Forever Pavot ravive la flamme de cette tradition bien française, convoquant aussi bien Ennio Morricone que Jean-Claude Vannier, avec des compositions taillées comme des gemmes, et déploie sur scène une puissance sonore carrément hallucinante. Jouant la quasi-totalité de son album, Sornin nous entraîne dans les dédales de son univers de hobo rêveur, dans lequel l’imaginaire prend constamment le dessus, allant même jusqu’à titiller nos souvenirs de kids en jouant une version du générique de Tintin d’une beauté sidérante, emprunte de nostalgie.
Et c’est comme cela que chaque morceau prend une dimension inédite en concert, le groupe poussant à son paroxysme le potentiel des claviers et des guitares, donnant parfois au show des accents floydiens magistraux. Forever Pavot joue ainsi la carte des grands espaces filmés en CinemaScope et plonge la salle dans la BO d’un film sans images, mais dont la seule force évocatrice suffit à transporter l’audience dans un univers mâtiné de vieilles banquettes en cuir 70’s et de cowboys traversant l’immensité du Grand Ouest américain. On pense bien-sûr à Ennio Morricone et à la force des grands compositeurs italiens de l’époque, mais aussi à Polnareff et au générique en forme de cavalcade de la Folie des Grandeurs.
Il n’est pas exagéré de dire que Forever Pavot a hier soir, fait l’unanimité. En attendant les prochaines dates à Angoulême et Metz, on se repassera Rhapsode, façon de prolonger un peu l’extase de la veille.
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