De passage en France pour leur second concert parisien, les gosses de Disclosure ont retourné une Cigale chauffée à blanc. Retour sur le show des frères Lawrence, nouveaux rois de l’électro et des charts anglais.
Il est un peu plus de 21 heures quand Guy Lawrence, 21 ans, et Howard Lawrence, 19 ans, posent le pied sur la scène de La Cigale. Abrégeons d’office le suspense : aucun son n’est encore sorti des machines du duo que la foule massée dans la salle parisienne frôle déjà la crise d’apoplexie. Ça hurle dans la fosse, ça tape des mains et des pieds, et on entend même un spectateur lâcher, à l’arrivée des Londoniens, « oh regarde, il a mis une belle chemise mon fils« . Le jeune homme a peut-être à peine 4 ou 5 ans de plus que Guy, l’aîné, mais résume parfaitement l’ambiance de ce soir : Disclosure sont, pour toute la salle, les nouveaux héros d’une house anglaise riche et conquérante, les enfants prodiges venus de l’autre côté de la Manche, ceux qu’on loue, les yeux embués de larmes, et la fierté affichée.
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Les Anglais ne rigolent pas ce soir : de F for You à When A Fire Starts To Burn joués coup sur coup en guise d’intro, il s’agit bien ici pour les frangins de renverser une Cigale déjà toute acquise à leur cause, et ce malgré une petite baisse de régime passagère juste après, heureusement vite réglée. Et si on reste ébahis devant les dizaines de bouches hurlant les paroles des titres et la composition de la faune entassée dans la fosse (autant de raveurs que de hipsters, d’auditeurs de Fun Radio que d’ayatollah de l’indé), c’est surtout la maîtrise des gamins qui impressionne. Guy et Howard ont beau ne pas dépasser les 40 ans à eux deux, ils plaquent leur beats et déploient leur house comme de vieux loups de mer, manipulent leur morceaux comme s’ils avaient passé toute leur vie sur les routes.
Les machines n’ont pas de secret pour les deux frangins tombés dans la marmite électro en début d’adolescence quand les clubs leurs ont enfin ouvert leurs portes. Les instruments non plus. Et c’est armés d’une batterie électronique, de percussions et d’une basse qu’ils ont décidé de donner vie en live à leur premier album sorti il y a quelques semaines et déjà numéro un des charts devant Daft Punk et Queens Of The Stone Age. Micro et manche en main pour Howard, baguettes pour son frère aîné, Disclosure renversent, comme un SBTRKT, la robotique de l’électro pour lui apporter un aspect humain, une dose d’incertitude bienvenue. Help Me Loose My Mind, You & Me et White Noise défilent ainsi portés par des beats implacables, mais aussi par la ligne de basse organique du cadet de la fratrie et la batterie de son grand frère qui rythme le set et lui donne une ampleur inattendue.
On reconnaît les voix enregistrées d’AlunaGeorge, d’Eliza Doolittle ou de London Grammar. La force de Disclosure, c’est aussi d’avoir imposé des refrains pop à une house habituellement déconstruite. L’effet en est immédiat : les titres des frangins collent au cerveau comme du chewing-gum pop sans en être tout en plongeant la foule dans un bain d’électro pointue, et parlent alors parfaitement à une génération qui se rue autant aux concerts de Beyoncé qu’à ceux de Fuck Buttons. On ne se mouille pas trop en avançant cela lorsque Latch clôture le set épique des jeunes garçons : pressentis au titre de nouveaux princes de l’électro anglaise depuis la sortie de leur premier morceau, Control, les deux frangins de Disclosure sont déjà passé au cap suivant, celui de jeunes rois des cœurs, des charts et des salles de concert où bien du monde va se ruer dans les mois à venir.
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