Vendredi soir dernier, Death In Vegas et DJ Shadow avaient pour mission de rendre mémorable l’inauguration de la nouvelle salle de musiques actuelles (SMAC) située près de Nîmes : Paloma. On y était, on vous raconte.
Vendredi 7 septembre. Il est 21 heures : ça se bouscule à l’entrée de la nouvelle salle de musiques actuelles (SMAC) située dans l’agglomération nîmoise : Paloma. Nombreux sont les curieux, impatients de profiter de ce lieu de vie culturel si longtemps demandé et attendu. On s’en tire à bon compte en échappant aux formalités du protocole et aux discours politiques d’auto-satisfaction soporifiques. Forme longiligne et impressionnante structure (6000m2), le bâtiment en jette et accroche le regard à plusieurs kilomètres à la ronde. Après en avoir fait rapidement le tour on découvre la grande scène extérieure – installée exceptionnellement pour l’inauguration – sur laquelle Death In Vegas s’apprête à distiller son rock lancinant et psychédélique, empruntant parfois au dub et la techno.
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Les britanniques prennent leur temps, ce qui n’empêche pas le public d’être happé dès le début du set grâce aux planantes Your loft my acid et Scissors qui agissent rapidement sur les neurones des spectateurs. Certains craignent que les chansons torturées de Richard Fearless plombent l’ambiance, bien au contraire les tubes Dirge et Sons of rother emportent le public avec la puissance d’une vague géante.
Imperturbables, les musiciens de Death In Vegas déroulent leur set avec candeur, s’égarant parfois à la limite du rock industriel expérimental (Death Threat, Blood Yawning). Ils signent l’apothéose musicale de la soirée avec Savage Love, chanson qui clôt leur dernier opus Trans-Love Energies. Une véritable cavalcade enflammée et cosmique, entre Boards Of Canada et Explosions In The Sky, qui gifle l’auditoire avec une puissance inouïe.
Encore tout sonné par la prestation de Death In Vegas on découvre l’intérieur de cette nouvelle salle nîmoise et ses murs aux couleurs criardes. L’architecture est épurée, fonctionnelle, mais le plus marquant reste la qualité du son de la Grande salle. On y découvre un peu plus tôt au cours de la soirée la pop entraînante et un peu facile des Avignonais Phyltre. A peine 100 décibels au compteur et le son qui résonne dans la salle – ayant une taille proche de la Gaîté Lyrique – est d’une clarté presque déstabilisante. On croise le directeur technique, Olivier Boudon, qui avoue modestement que « le son n’a pas encore son grain » et « qu’il reste des réglages à faire ». On lui répond que le son comme la lumière sont d’une qualité troublante. Archive, Wax Tailor, Two Door Cinema Club ou encore Ty Segall vont donc s’en donner à cœur joie dans les semaines à venir.
Retour vers la scène extérieure à 1 heure du matin pour le Pape du sample : DJ Shadow, figure emblématique du mouvement abstract hip-hop. Joshua Davis enchaîne un set excitant, tel un bon élève qui cherche à prouver ses multiples connaissances. Seul bémol, il offre sa techno-dubstep en restant concentré sur ses platines. Doué et terriblement efficace lorsqu’il mixe classique du hip-hop (RUN-DMC notamment) et mélodies simples, le public suit moins lorsqu’il joue avec la puissance des basses et des sons dubstep. Ceux qui ont vu Squarepusher à la Route du Rock en août dernier ou Four Tet saisiront. Dès qu’il relève la tête, jette un coup d’oeil pour prendre la température de son auditoire, le californien revient aux fondamentaux et prouve son talent sans faire de chichis.
Vers 2 heures du matin arrive l’heure du DJ set dans le club, petite salle pouvant accueillir 600 pieds enflammés pour l’éléctro. Greg Delon, le chargé de communication et infographiste du Paloma, jongle avec les tubes et mixe de manière simple et efficace : Woodkid, Breakbot, The XX, LCD Soundsystem, Blur et Lykke Li. Entre la présence des programmateurs de Marsatac – qui se partage cette année entre la cité phocéenne et Nîmes – du Stéréolux (Nantes), du Transbordeur (Lyon), et les sourires soulagés de l’équipe de Paloma, on comprend que l’inauguration est une réussite et que la salle va faire parler d’elle. Les organisateurs lèvent leurs verres à cette salle au potentiel hallucinant.
En rentrant vers la capitale on ne peut s’empêcher de penser qu’étant donné l’hétérogénéité de sa programmation, l’ambition et l’envie de partager de son directeur Fred Jummel – accompagné par Christian Allex (directeur artistique des Eurockéennes de Belfort) – Paloma promet de jolis paris artistiques, scéniques et s’apprête à devenir une salle majeure du sud de la France sur lequel il va vite falloir compter.
Le site officiel du Paloma.
A ne pas rater : Marsatac au Paloma pour trois soirées exceptionnelles : 20, 21 et 22 septembre.
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