Cinq après leur séparation éclairé, on se demandait si les new-yorkais avaient toujours le feu. Réponse: grave !
Cinq ans après son sabordage, le groupe de James Murphy revenait aux affaires, hier soir, sur la scène de l’Olympia. Récit d’une première soirée dantesque.
Le boulevard des Capucines est trempé et nous tout autant. C’est presque une coutume. La dernière fois que LCD Soundystem était de passage à Paris, c’était l’an passé, au festival We Love Green. On avait déjà le visage balayé par la pluie et les Stan Smith bien enfoncées dans la boue (lire notre article). Cette fois, c’est à couvert, dans un Olympia gavé comme une oie et chaud comme une bouillotte que le groupe se produit.
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Il est 21 h 20 quand le gang de New York débarque enfin sur scène, emmené par un James Murphy sapé et coiffé comme s’il sortait du lit. Sans plus de cérémonie, le taulier de LCD Soundsystem écrase son fameux micro MD409 contre sa bouche et se lance dans Yr City’s A Sucker. La foule répond frénétiquement en tapant du pied et agitant la nuque. C’est parti pour plus de deux heures de messe discoïde. Le groupe sonne serré, puissant mais funky, et enchaine avec un réjouissant Daft Punk is Playing at my House.
Boule disco
Visuellement, l’affaire est sobre, presque presbytérienne si on la compare à la tournée comeback du groupe l’an passé : quelques stroboscopes, quelques leds tapissées en fond de scène et une énorme boule disco surplombant la scène. Et la batterie de Pat Mahoney est quant à elle toujours positionnée en avant de la scène. Comme pour mieux rappeler que le rythme est le sexe de la musique de LCD Soundsystem.
Ce retour aux affaires fait le bonheur des fans, parmi lesquels Jean-Michel Jarre ou Albin de la Simone, venus eux aussi admirer le groupe en live :
https://twitter.com/AlbindelaSimone/status/908105122546438145
Call the Police, premier morceau joué ce soir issu du nouvel album du groupe, American Dream, est déjà célébré comme un classique par le public.
Plaisir manifeste
À ce stade, une évidence s’impose : le groupe prend un plaisir manifeste à jouer ensemble, à chevaucher ses hits comme ses nouveaux titres.
Alors pourquoi avoir tout envoyer valser ? Pourquoi s’être séparés pour finalement remettre une pièce dans la machine cinq ans plus tard ? Récemment interviewé par Les inrocks, James Murphy livrait un début de réponse (lire notre interview):
« LCD Soundsystem s’était embarqué sur une route qui ne m’intéressait plus. Quand on a démarré, nous étions des outsiders, des marginaux… Mais petit à petit, de bon groupe, nous sommes devenus un gros groupe. Et nous étions partis pour devenir énormes, ce qui était la suite inéluctable. J’ai juste perdu l’intérêt, je n’avais jamais envisagé de devenir un pro. »
Anti-rockstar
Malgré sa dégaine d’anti-rockstar, Murphy est un showman captivant. Mais nos yeux sont irrésistiblement attirés par Gavin Russom. Robe blanche et fichu dans les cheveux. C’est la première tournée de la musicienne depuis le coming out transgenre en juillet dernier. Les mains dansant dans les airs lorsqu’elles ne maltraitent pas ses énormes synthés customisés, Russom est radieuse, visiblement épanouie. Une présence qui modifie de facto la chimie du groupe puisque Nancy Whang n’est plus la seule femme à bord.
Dans la fosse, les teigneuses Tribulations et Movement provoquent l’anarchie. Kids et quinquas pogotent ensemble, grisés par les coups de beats et des guitares post-punk.
https://twitter.com/Andreo_Ch/status/908210175240228865
Mais le groupe sait aussi faire pleurer ses machines. Comme sur l’émouvant Home ou l’ultra-tube New York, I Love You But You’re Bringing Me Down, entamé comme une balade de piano-bar avant de s’abîmer dans un bouillon de lave.
Larmes et sueur
Murphy annonce enfin une trêve, « le temps d’aller pisser. » Quand le groupe revient c’est pour matraquer l’Olympia avec I Used To, troisième et ultime extrait d’American Dream. Puis les New Yorkais tirent leur révérence sur un grandiose All My Friends.
On quitte l’Olympia hagard, et soulagé de retrouver la pluie pour laver nos joues souillées de larmes et de sueur.
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