Vendredi 7 juin à la Cigale, le label Italians Do It Better présentait A Night In Paris With Chromatics & Glass Candy. Concert en deux temps, pour deux ambiances radicalement différentes portées par une même personne : Johnny Jewel. On y était, on vous raconte.
Chaleur terrible ce soir-là à la Cigale : les Chromatics et Glass Candy avaient bien choisi leur jour pour dérouler leurs concerts, sensuels et érotiques. Premiers coups de chaud à Paris, les T-shirts sont humides, la salle est pleine à craquer et les gens se pressent au bord de la fosse : on a du mal à se déplacer et il fallait arriver tôt pour avoir une bonne place. Au centre de la soirée se tient un Américain de Portland, Johnny Jewel, qui joue dans les deux groupes du soir. Ils sont signés sur son label Italians Do It Better (fondé en 2005 avec Mike Simonetti) et sont comme deux facettes de ses nombreuses personnalités.
Les coups de projecteurs frisent parfois le n’importe quoi (on se dit que c’est fait exprès), et c’est sous des lumières incertaines que les mecs et la fille de Chromatics enchaînent les titres de leur album Kill For Love. Le set dure une heure, le temps de passer en revue des chansons, comme Lady, qui nous mettent directement au plafond, portées par la voix électrique de Ruth Radelet. Johnny Jewel est tout à ses machines, joue du clavier et balance ses beats recherchés (pas d’ordinateur ici) : résultat impeccable sur disque comme sur scène. Ses accords ricochent dans les moindres recoins de la salle, appuyés par une batterie qui claque rock et une guitare qui lorgne vers la coldwave.
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La Cigale prend des allures de voiture lancée à grande vitesse dans la nuit, et l’heure est la fois à l’introspection et au plaisir charnel de se laisser envelopper par une musique aérienne et un poil mélancolique. Leur album était attendu depuis longtemps, leurs concerts aussi et le public exulte ; on passe de phases de recueillement à des moments d’ivresses palpables, et sans surprises le groupe quitte la salle sous un déluge d’applaudissements.
On va chercher un peu d’air frais dehors et après une courte pause, retour dans la salle. Il est 21 h 30 et Johnny Jewel est de nouveau derrière ses machines, accompagné de la pétillante Ida No, chanteuse au look de fillette. A eux deux ils forment le duo Glass Candy, et attention, ça va tabasser: le groupe rassemble le versant musclé et tendu de la musique de Johnny Jewel (qui joue aussi dans Desire, pour mieux brouiller les pistes). Ceux qui étaient surpris de voir Chromatics jouer en premier comprennent vite : les tempos rapides de Glass Candy donne envie de danser comme un dingue, ce que le public fait à droite, à gauche. Les premiers titres donnent le ton : Moroder parfois, New order souvent (on croit entendre des airs de Temptation) et surtout dance music et disco (on frôle l’eurodance sans tomber dedans).
Sur scène, Ida No déambule comme dans un cours d’aérobic, enchaîne les pas de danse et pousse des cris sauvages dans son micro. Elle a réveillé la salle plongée dans un agréable demi-sommeil, et se jette maintenant dans la foule : tour de fosse pour un slam d’enfer. Autour de nous, c’est à qui s’embrasse le mieux ; la chaleur est dans la salle, sur la scène et dans la tête des spectateurs. Le set d’une heure connaît son apothéose au moment où le public, monté sur scène pour une invasion concertée, porte Ida No à bout de bras. Johnny Jewel, impassible, continue à envoyer la musique de son côté, toujours aussi dynamique.
C’est sur cette image que les lumières se rallument et que les gens applaudissent : une icône portée par son public, un producteur gentiment timbré, le nez plongé dans ses instruments. Il est maintenant 22 h 30 et dans la foule qui se masse à la sortie de la Cigale, on voit Paris prendre des allures de Portand, Oregon : weird.
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