Dans le grand Bataclan, Animal Collective a donné un grand concert, remuant et envoûtant : les Américains sont désormais prêts pour les foules. Ou les foules sont prêtes pour les Américains.
On ne se souvient pas de tout. Il faisait chaud : à craquer, le gros Bataclan est un petit autocuiseur. A moins que ce ne soit la bière, dont l’excès, même léger, tripote un peu les synapses et embrume la mémoire. Ou, surtout, que ce ne soit Animal Collective. Sa magie noire, son maelstrom sonique ébouriffant : une monumentale claque, on perdrait la mémoire pour moins violent que ça.
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Mais seule la tête ne se souvient pas de tout. Le corps, lui, principal visé, ondule encore de ces morceaux à derviche-tourner sur des braises, de ces mélanges contre-nature, et progressions intrépides, de ces psalmodies facinantes, de ces harmonies sublimes. Avey Tare plié en deux, envoûté par ses propres litanies rituels, Panda Bear chantant ses mélodies sublimes à quelque dieu oublié, les hochements obsédés de Geologist. On s’est laissé prendre, sans retour possible, par le psychédélisme électronique d’un groupe directement branché sur les constellations. Par une version incroyablement belle de Fireworks, par l’efficacité rebrousse-poils des danses amères de Brothersport ou l’incroyable rugissement de Summertime Clothes, par un Banshee Beat sans beat et tout en ouate acide.
On se souvient surtout de la frayeur préalable au concert : le Bataclan, trop gros pour Animal Collective, Animal Collective, groupe trop furieux et hype pour une foule de curieux. On s’était trompé : des centaines d’esprits se sont laissé ensorceler par Animal Collective. Les Américains ont clairement passé un stade : Radiohead, en comparaison chiant et fade, peut retourner à l’école.
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