Le guitariste des Strokes, qui venait présenter son nouvel EP « AHJ » à la Maroquinerie lundi soir, a livré un concert d’une rare intensité.
Ne soyons pas vaches, attardons nous cinq minutes sur la première partie du concert d’Albert Hammond Jr, assurée par Rey Pila, un groupe tout droit débarqué de Mexico et signé chez Cult Records, le label de Julian Casablancas. Jamais entendu parler ? Rey Pila vaut pourtant le détour. Le chanteur est à mi-chemin entre Hanni el Khatib et Ian Curtis: voix des profondeurs, cheveux gominés, chaîne autour du cou, fine moustache, crachats sur scène et drôle de façon de danser (en clappant des mains). La musique, elle, est dans la veine directe des Strokes. Le groupe est enchanté d’être là, parle un peu espagnol avec des hispanophones du public, raconte que c’est sa première fois à Paris et que c’est top parce que nous, public, on est top.
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Albert (laissons tomber le « Hammond Jr. ») est lui aussi estomaqué par la salle/le public. Peut-être ne s’attendait-il pas à avoir une telle fan-base. Peut-être est-il surpris par la Maroquinerie, la proximité entre la scène et le public (« we’re very close« ), sa construction en escalier, l’armée de chevelus postés au premier rang. Toujours est-il qu’il n’en revient pas et qu’il nous coule de timides regards d’un air un peu gêné. On se dit qu’on avait raison, qu’Albert est bien effacé-timide-replié-derrière-sa-guitare, homme de l’ombre cherchant vainement à se rapprocher de la lumière. Mais non, on a tout faux : à peine a-t-il empoigné sa guitare, qu’il parait à son aise.
Moulé dans un polo noir qui fait ressortir ses sacrés biceps (il pourrait se reconvertir en joueur de tennis), les cheveux courts et le sourire ravageur, le guitariste- devenu le beau gosse des Strokes- semble baigner dans un état d’ivresse dont l’origine est peut-être toute artistique…. ou bien à chercher du côté du liquide orange contenu dans une bouteille d’eau, qu’on soupçonne plus d’être un mélange alcoolisé qu’un jus de fruit 100% vitaminé. Plus la petite bouteille se vide, et plus Albert se marre, chante dans le vide, répète ses riffs dans le vent avant de les jouer sur sa guitare, et se racle la gorge. « I’m choking » (« je m’étouffe ») nous lance-t-il avant de s’envoyer une grande gorgée d’eau.
Mais, bizarrement, son étrange état ne nuit pas au concert, voire même le sublime. Il faut dire que le public est particulièrement agréable. Albert peut donc tranquillement enchaîner les morceaux de ses albums (le très beau Yours to Keep et le moins bien Como te llama ?) et de son génial EP AHJ que l’on résumera en disant que c’était tout ce que l’on attendait du dernier album des Strokes. Le refrain de la culte 101 est repris en chœur par le public (« I lost my way/That’s what she said/back to the one o one »), St Justice et Rude Customer nous mettent par terre. Mais, si Albert chante bien, il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il quitte le micro pour martyriser un peu sa guitare.
Le concert, d’une rare intensité, atteint son sommet lors du rappel. Seul sur scène, Albert joue la très belle Blue Skies, reprise là aussi en chœur par le public (« Don’t let me knoooow as it’s happening/ ooooh« ) et nous émeut beaucoup (moment confession).
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