Miracle de l’automne, la Danoise Agnes Obel envoûtait le Trianon cette semaine. On y était hier soir. On vous raconte.
« Je me perds totalement dans la musique, je sors parfois de scène sans me souvenir de ce qui s’est passé. », nous confiait Agnes Obel récemment. Difficile de partager son sentiment au sortir de la salle et d’un concert mémorable. A 21 heures pile, la Scandinave se présente à un public transi d’émotion. Dehors, la nuit est glaciale. Dans l’idéal écrin à l’italienne du Trianon, le trio qu’Agnes Obel forme avec Mika Posen (violon) et Anne Müller (violoncelle) s’emploie à envoyer du bois dont on fait les feux de cheminée. Une chaleur à combustion lente envahit balcons et orchestre où se fondent cordes, bois, voix, chœurs (les leurs) et cœurs (les nôtres).
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Parfois, de puissantes montées dissonantes troublent celles et ceux qui s’étaient confortablement installés devant les flammes de cheminée. Le trio se joue de l’envoûtement (The Curse) comme des éléments, passant des bords de l’eau (Riverside) au feu crépitant (Fuel for Fire). Agnes Obel nous explique la difficulté d’expliquer ses chansons en introduction d’un morceau expliquant cette difficulté d’explication, réclame au public une écharpe en laine pour modifier le son de son piano, puis lui laisse le choix d’un dernier morceau aérien et épuré. En apesanteur sous la pluie glaciale et les néons agressifs du gris boulevard Rochechouart de novembre : « Transformer la laideur en beauté. » nous disait-elle récemment. Mission accomplie tandis que des effluves de bois, de cordes et d’âme nous suivent jusque dans les couloirs du métro, smells like Aventine spirit…
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