Pour la première fois le Primavera Sound Festival est délocalisé à Porto. On y est, on vous raconte.
A quelques arrêts de métro des alléchantes Pastelerias du centre ville, le parc de Porto, situé en bordure de l’océan, accueille pour quatre jours, du 7 au 10 avril, la première édition portugaise du festival Primavera. Optimus Primavera Sound, voilà le nom de baptême de ce nouveau né qui a pioché harmonieusement dans la programmation de sa grande cousine barcelonaise. Sur le site, on découvre quatre scènes capuchonnées et une farandole de bénévoles qui distribuent des nappes vichy aux couleurs du partenaire Optimus, zippables en sacs de festivalier et ainsi idéales pour « chiller » sur les pelouses, entre une botte de foin et un stand de Super Bock, la bière nationale.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Arrivés en fin d’après-midi, on s’installe paisiblement sur la colline faisant face à la scène Primavera où Bradford Cox alias Atlas Sound vient de commencer. Un petit point noir sur la scène, c’est lui, tout seul avec son harmonica, sa guitare et son lot de pédales. Accroupi ou en l’air, le voilà qui développe de tortueuses mélodies et des distorsions qui s’affrontent comme dans une bataille navale au premier plan d’un paysage impressionniste de début d’été. Jusque ici tout va bien.
C’est ensuite que la météo et le programme se gâte. Une pluie fine ravage la pelouse de la scène Optimus pendant le concert du Brestois Yann Tiersen. Un peu trop facile de dire qu’il a ramené son crachin breton mais bon, son violon nous aide à digérer paisiblement les stands de restauration à base de KFC, Pizza Hut…
On décide de passer un coup d’éponge et de se rattraper devant les Drums. Marée humaine devant la scène Primavera. Malheureusement le système sonore nous laisse sur notre faim, on semble entendre les échos d’un concert au fond d’une caverne sans vraiment pouvoir y pénétrer. On salue la danse chaloupée du chanteur qui donnerait presque le mal de mer. Dommage pour cette dernière date du groupe après trois ans de concerts. Cependant les nouveaux tubes tels que Money et le désormais anthologique Let’s go surfing sauvent les meubles. Jusque ici tout allait plutôt bien. On plonge alors dans un continuum de 3h sans saveur.
Tout d’abord avec Suede, LA reformation tant attendue, il n’en reste pas moins que le groupe anglais de rock alternatif des années 80 a pris un sacré coup de vieux. Pourrait on résumer ça au choix d’une batterie à paillettes ? Non bien entendu, mais le supplément de guitare électrique et de tartines vocales, nous font étrangement penser à une crème au beurre épaisse qu’on aurait oublié quatre jours au frigo.
Deuxième grosse déception, l’annulation de Explosion In the Sky. A la place, on aura le droit à un groupe de psyché marginal répondant au nom de Mercury Rev. Bienvenue dans le domaine des surréalistes et des papillons qui chantent : oh saint supplice ! On passe notre tour. Et on avance directement sur la case Super Bock, en Stout s’il vous plait !
C’est donc après des heures d’hypothermie et de patience, que montent sur la scène Optimus, The Rapture. Dès les premières secondes de In The Grace Of Your Love, les boucles angéliques et les yeux clairs de Luke Jenner, le chanteur, ne trahissent pas sa voix ailée, tombée des cieux. On est donc prêt à tout pardonner : intempéries et crème au beurre… Sur Missing You, d’inattendues décélérations suscitent une émotion sensible. On passe en revue les hits de leurs précédents albums. Leur set un sans faute qui ferait pâlir le patinage artistique français. Tout glisse dans du beurre, et le saxophoniste en fait tomber les premiers rangs dans les pommes. Notre meilleur concert en 2012 … jusqu’à demain.
{"type":"Banniere-Basse"}