Avant la clôture ce dimanche, dernière journée et dernière nuit pour le festival lyonnais. Des relous, une claque et des surprises : on y est, on raconte.
LA CLAQUE : Tale Of Us
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Encore un moment de liesse sous la verrière des Subsistances. Hier aprem, c’était Tale Of Us, duo repéré par Seth Troxler, qui foutait le bordel. Le son sombre et puissant de ces Italiens installés à Berlin secoue les corps et les esprits sans pitié aucune : c’est de façon chirurgicale que cette techno froide et minimale s’empare du public, pris aux tripes. Devant nous, une petite mamie danse de façon syncopée dans sa chemise à fleurs : elle kiffe la grosse techno industrielle de Tale Of Us, et n’arrive pas à le cacher. A droite, des ballons gonflés à l’hélium : Bugs Bunny, Hello Kitty, Spider Man, un bébé tigre et un poney flottent au-dessus des têtes. A gauche, un pigeon, seul, est calé sur une bordure. Même lui semble apprécier la progression du set. Tale Of Us finira sur des samples furibards d’orgue possédé. C’est le son de l’apocalypse.
LA DÉCOUVERTE : Ed’n Legs
En marge du circuit principal, fait de journées aux Subsistances et de nuits aux anciennes usines Brossette, les Nuits Sonores squattent les rues de Lyon pour des Apéros Sonores ouverts à tous. Hier, c’était le collectif Ed’n Legs, avec Propagang, qui investissait la place Gerson, pour une fête en plein air près de l’Eglise Saint-Paul. On arrive pendant un mix techno-house de Yogi, poulain de l’écurie Ed’n Legs : familles, hipsters, babos et punks à chien se côtoient et dansent tranquillement sous le soleil. Devant la scène, un mec un peu fou fait des pompes, crie, danse n’importe comment. Etait-il déjà dingue avant d’écouter le son de Yogi ? On ne sait pas, mais Ed’n Legs est l’asso electro qui monte à Lyon : ce dimanche, c’est avec la tête et les jambes qu’elle reçoit les Parisiens de la Concrete, pour une belle teuf sous le signe de l’excellence.
LES RELOUS : The Liminanas et The Mojomatics
Après avoir croisé, ces derniers jours, le rock furieusement electro de Breton, le blues futuriste de King Krule, le psychédélisme cramé des Lumerians ou encore le krautrock cosmique d’Acid Washed, comment ne pas tiquer devant cette pop à guitares qui semble d’un coup si triste, si fade, si simpliste ? Malgré des échappées tarantinesques agréables, The Liminanas laissent de marbre ; quant aux Mojomatics, c’est pire encore : on a bien failli piquer du nez devant ces Black Keys du pauvre. C’est l’effet dissonant des traditions rock persistantes, dans un festival dédié à la découverte, l’expérimentation et la place de l’electro dans la musique d’aujourd’hui.
LES HÉROS : The Raveonettes
On pourrait presque faire les mêmes remarques à propos des Raveonettes. Mais la mauvaise fois ne l’emporte pas : on se laisse séduire par le duo Danois, par sa surf-pop à la californienne, ses glissements sombres et psychés. Pas vraiment sortis de leur garage (ça fait dix ans qu’ils tournent), The Raveonettes n’en restent pas moins un groupe frais, jeune, dans le vent. Pendant qu’une grosse averse éclate au-dessus des Subsistances de Lyon, on est au bord de la mer, sous le soleil, dans une décapotable, tout ça, tout ça.
LES SURPRISES : la dernière soirée à Brossette
Sur les trois scènes des anciennes usines Brossette, une tonne de DJs défilaient pour cette dernière soirée dans ces hangars superbement aménagés. Une soirée passée à naviguer d’une scène à l’autre, à se balader sous les installations lumineuses de Moooz et LFA. Entre beaucoup d’autres, on aura croisé la house ambient aux tendances drum’n’bass de Nosaj Thing, la space-disco et presque eurodance de Prins Thomas, la house amoureusement r’n’b de Jacques Greene, le krautrock et dance de l’espace de Linstrom, en clash sonique avec Todd Terje. On n’aurait pas pu mieux finir la onzième édition des Nuits Sonores de Lyon : une plongée dans les profondeurs de la musique électronique, dans tout ce qu’elle a de complexité, de promesses et de pureté.
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