Nouvelle édition pour les Nuits Sonores de Lyon. Comme chaque année, on a rendez-vous avec une programmation pointue de pop et d’electro. Le bal commençait hier : on y est, on raconte.
LA CLAQUE : Breton
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Ah on les aime, les gars de Breton. Et on les aime encore plus que l’année dernière, parce que ces Anglais ont visiblement beaucoup progressé sur scène. Hier, ils jouaient leur récent show audio/vidéo, accompagnés d’un VJ invité. Au programme de ce happening : des compositions electro-instrumentales habillées d’images, de films, de morceaux de clips réalisés par leur soins. Leurs vidéos sont d’ailleurs un peu comme leur musique : c’est étrange mais beau, opaque mais toujours compréhensible, obscur mais toujours lumineux, là-bas, au fond du tunnel. On traverse ainsi de longues digressions de rock electro, entrecoupées de leurs tubes revisités : une version un peu épurée du génial Pacemaker, une variante très club et généreuse de Jostle. Ces Londoniens ne sont décidément jamais vraiment là où on les attend, et c’est surement pour ça qu’on continuera à les suivre pendant longtemps.
LE VIEUX : Laurent Garnier (avec Carl Cox)
Présent à chaque édition des Nuits Sonores depuis 2005, Laurent Garnier est chez lui. Après avoir eu ses quartiers à l’Haçienda de Manchester dans les années 80, puis au Rex Club de Paris dans les années 90, ce taulier de l’electro française invitait l’Anglais Carl Cox, autre institution du genre, à mixer à quatre mains pour cette première journée des Nuits Sonores. Sous la belle et grande verrière des Subsistances, les deux papas ont déroulé un long câble de techno industrielle, sèche, froide – malgré la sueur d’un public bouillant. Mais bientôt on se dirige vers des sonorités plus house, plus rondes, avec davantage de reliefs : il faut bien remettre du carburant dans la machine à danser. Dans le public, on croise des casquettes de sport de Chicago et de Détroit : autant de clins d’œil aux origines de la house et de la techno, de la part d’un public averti et conquis par Laurent Garnier et Carl Cox, qui assurent aux platines depuis plus de vingt ans maintenant.
LA DÉCEPTION : avoir raté J.C. Satàn
On était curieux de découvrir sur scène ces Bordelais, dont la pop garage titille décidément la curiosité. Mais Laurent Garnier et Carl Cox jouant mine de rien d’un hypnotisme certain, le temps passa dans les méandres de la house et de la techno, au grand dam du reste de la programmation. Quand on retrouve d’un coup nos esprits, on fonce vers la petite scène où joue J.C. Satàn, mais ils en sont déjà à leur dernier morceau. Dommage.
LA DÉCOUVERTE : Moooz
Excusez la curiosité, mais la première vraie découverte des Nuits Sonores n’est pas musicale. Dans les anciennes usines Brossette, entre la scène 1 et la scène 2, se tient une grande salle de transition, un lieu de passage. Invité pour l’occasion, le collectif Moooz y a monté un projet scénographique où les festivaliers sont invités à participer. Au plafond, une myriade de fils tendus, des projecteurs visant les murs. Sur l’un d’entre eux, des panneaux à toucher de la main, de façon à activer les paramétrages visuels composés à base de couleurs, de rythmes et de formes géométriques. Pour quelques instants, le festivalier devient donc acteur du festival, provoquant à lui seul l’habillage entier d’un espace praticable. Une exploration innovante du numérique, dans la ville qui accueille chaque année la Fête des Lumières.
LE WTF : People Like Us
Sur la scène 3 des Subsistances, sur les bords de la Saône, on tombe sur l’Anglaise de People Like Us. A base de collages audio et vidéo, elle tire d’extraits de films bien choisis de quoi raconter des histoires musicales à base de surf pop, de funk, de jazz. Le tout forme un long poème usant souvent d’un certain humour, frôlant parfois le délire dada. Le public (assez restreint) semble perplexe. Nous aussi. Mais c’est aussi ça les Nuits Sonores : de l’expérimentation, des choses hors des cadres – pas forcément géniales mais intrigantes, curieuses, intéressantes. Pourquoi pas ?
LA SURPRISE : AlunaGeorge
On connaissait les premiers chouettes morceaux du duo londonien, mais on ne se doutait pas qu’il en serait ainsi sur scène. Quand Aluna débarque, tout le monde ouvre grand les yeux : elle commence à danser et, immédiatement, une terrible ambiance de sexe se répand dans le hangar pourtant très sec de Brossette. Avec donc un sex-appeal ahurissant, Aluna chante son r’n’b futuriste, portée par les bidouillages de son acolyte, à base d’electro bien calibrée et de samples maitrisés. Parfois, elle laisse deviner la puissance de sa voix, mais reste surtout dans la retenue, la souplesse, le déhanché plutôt que dans la raideur d’une voix frimeuse. Car c’est l’harmonie qui règne chez AlunaGeorge : il y a de la house et de l’ambient dans ces pop-songs sexy et ce hip-hop élastique. Ouais.
LE MOMENT DE SOLITUDE : la carte blanche à Bruxelles
La première journée aux Subsistances réservait sa deuxième scène à la Belgique : c’était carte blanche pour Bruxelles. Au programme : Driving Dead Girl et The Experimental Tropic Blues Band. Malheureusement, ces Belges ont joué dans une indifférence quasi-totale, le public étant trop occupé à se bousculer en direction de Laurent Garnier et Carl Cox. Il faut dire que le rock un peu sec et bizarre des deux groupes n’était pas non plus spécialement sexy, et que la folie n’était pas vraiment au rendez-vous.
BONUS : la phrase du jour
Une festivalière : « Breton, c’est un peu Phoenix qui aurait bien tourné, non ? »
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