Premier jour aux Francofolies de Montréal. Un panini, une aile, un Chinois qui ronfle, Lisa Leblanc, Brigitte et un carré rouge.
Quand l’Europe est au bord de l’explosion, quand les banques espagnoles sont à deux doigts de la banqueroute, quand la Pologne et la Grèce font match nul (1-1), quand Jean-Luc Mélenchon fait un discours sur la pluie devant un supermarché Dia de Hénin-Beaumont, et quand la propre femme du président twitte en faveur du candidat qui s’oppose à son ex-femme, le tout au sein du même parti, il n’y a plus qu’une solution les jeunes : lever le camps pour le nouveau monde et les Francofolies de Montréal.
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C’est l’option que j’ai choisie, et croyez-moi je ne le regrette pas. Première chose, si vous devez partir pour le Canada via les Etats-Unis, n’oubliez pas de checker que votre ESTA (ce fameux truc qui vous permet de rentrer au States tel un winner) est à jour. Cela vous évitera comme moi d’essayer de trouver le wifi dans une sorte de panini-shop pour tenter de débrouiller votre situation. Et, deuxième chose, cela vous évitera, Dieu vous en préserve, de devoir consommer dans le dit panini-shop pour pouvoir bénéficier du wifi – un panini saumon à 7 heures 50, je dis non. Ce dernier souci réglé (14 dollars quand même) je finis par grimper dans l’avion direction New York pour une escale de quelques heures à JFK où j’arrive pile à l’heure pour le coup d’envoi de France-Angleterre que je regarde autour d’un cold-turkey sandwich et à côté d’un type tatoué portant un polo d’Everton (autant dire pas des airs de marrants mais quand le type a commandé une Bud Light j’ai compris qu’il n’y aurai pas de lutte physique entre nous – une Bud Light ahaha – bouffon). Match moyen mais résultat nul, 1-1, on reste amis avec mon nouveau pote de Liverpool qui s’en sortira pas mal avec un « Nasri is a good player« .
Départ pour Montréal dans un mini-avion aux côtés d’un Chinois épuisé qui ronfle à fond et dont la tête tourne dans tous les sens – j’aurai bien fait une vidéo pour vous mais depuis le truc du « dépeceur » et surtout quand on va à Montréal c’est pas hyper bien vu. Bim. Montréal. Il fait chaud comme en Amérique l’été. Direction les Francofolies. Un point manif étudiante avec le taximan qui est libanais et qui s’en fout : « Les manifs ? Je m’en fous » dira-t-il en montant, sympa, le son de la radio. « Liban liiibre, liiibre Liban » comme chantait Guy Béart.
J’arrive sur le site – je texte Laurent Saulnier le king des opérations qui me répond « dis moi quand t’es dispo man ». Je lève la tête après avoir vu ce texto et croyez-moi ou pas j’ai Mixmaster Saulnier juste devant les yeux. Je crois que ça veut dire que je suis dispo man non ? Déboule aussi Fred Lamoureux du crew de prog que je vois boire une bouteille d’eau – cela valait bien une photo. Illico nous filons voir l’une des révélations de cette édition 2012 – Lisa Leblanc, qui joue en plein air un folk efficace et radieux qui semble remplir de bonheur les spectateurs de la place. On me raconte que la veille la jeune Leblanc a joué dans une toute petite salle et que le concert s’est fini à pas d’heures. Dans son set elle incorpore le Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly qu’elle joue absolument comme Leadbelly alors que 98,8 % des gens présents pensent que c’est une reprise de Nirvana. Ce n’est pas grave. Sur les coups de 19 heures texto d’Aurélie de Brigitte qui m’annonce que son crew s’apprête à débouler sur le site – mon Dieu.
Dans la foulée un petit stop devant le show extérieur de Jérôme Minière, un ex du label Lithium (Dominique A, Mendelson, Diabologum) qui s’est installé outre-Atlantique et qui y joue toujours un rock tendu et érudit – comme seul avait su le promouvoir ce label. Fred Lamoureux me choppe ensuite par le bras pour m’emmener voir Jam et P-Dox, l’occasion de se rendre compte que la culture du hip-hop nineties n’infuse pas qu’en France (comme chez 1995, qu’on attend mercredi et jeudi ici au Québéc). Les types sont serrés sur les micros, les beats sont souples et les instrus bien foutues, la Place des Arts like ça du pouce et notamment ce jeune homme qui porte un carré rouge mais qui sur le moment semble nettement plus dans le hip-hop que dans la contestation. C’est normal il y a un temps pour tout.
Après Jam et P-Dox et après avoir croisé Olivier Robillard-Laveaux et Marie-Hélène Poitras et leur petite fille sublime, je file retrouver le Brigitte Crew que Gourmet Délice de chez Bonsound a pris sous son aile (les voilà en sécurité). Le groupe jouera dans les prochains jours et se repose pour le moment – avec du fromage visiblement, et un peu de vin. Nous discutons un peu de Shakaponk – eh oui la vie n’est pas toujours facile – un peu d’Amadou mais aussi de Mariam, puis je les laisse partir en ville pour retrouver le Saulnier Crew (feat Fred Lamoureux) dans ce lieu ultime que l’on appelle Le Shag, où ce soir officie le DJ Maxime Robin, devant une débauche de garçons. La discussion est virile et tendue, et quand passe un morceau des Beastie Boys un bref hommage à MCA est rendu, c’est beau. Il est tard déjà bien trop tard pour un homme venu d’aussi loin, et la raison m’emporte vers mon hôtel vers une heure et quelques du matin, soit sept heures du jour en Europe. En conclusion, et parce que vous le valez bien, je vous livre cette phrase de Franck Ribéry : « A demain tsé« .
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