Le troisième et dernier jour du festival Reeperbahn commence sous une belle lumière nordique. Il fait froid à Hambourg mais la pluie promise depuis trois jours s’est tenue à l’écart et le programme suffit à réchauffer cœurs et corps. On commence dans l’après-midi avec Let Me Play Your Guitar, sur la Stage West de la […]
Le troisième et dernier jour du festival Reeperbahn commence sous une belle lumière nordique. Il fait froid à Hambourg mais la pluie promise depuis trois jours s’est tenue à l’écart et le programme suffit à réchauffer cœurs et corps.
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On commence dans l’après-midi avec Let Me Play Your Guitar, sur la Stage West de la Spielbudenplatz. Inconnue en France, la troupe de Copenhague, formée autour des frères Davidson, a déjà un album à son actif – elle joue la pop comme la jouent The Dears, avec des chœurs soignés et des harmonies empruntées à Pink Floyd. Hélas, le son est plutôt mauvais et le concert ne rend pas justice aux Scandinaves. On part ensuite découvrir Vinyl Jacket dans un pub voisin dont la devanture ressemble à celle d’un sex-shop miteux. Le groupe est anglais, du Northumberland, et joue comme s’il avait appris la rythmique dans les disques des Talking Heads et le sens mélodique chez XTC. Encore une fois – la millième fois sans doute depuis Vampire Weekend ?- les guitares, tropicool, semblent rendre hommage à Paul Simon et scruter le Sud. C’est nerveux, sec, réjouissant.
Moins mémorable, le concert, sans saveur et mou du genou, du guitariste portugais Frankie Chavez qui prend le relais à quelques mètres de là. On lui préfère de loin celui de François & The Atlas Mountains, qui joue un peu plus tard sur la Stage East. Toujours formidables sur scène, les Français continuent de promener leur deuxième album E Volo Love paru il y a un an. Petites orchestrations électroniques, inspirations world, mélodies à culbuto et textes polyglottes : le groupe reste une des plus belles machines françaises à voir sur scène.
On enchaîne avec Boho Dancer, des Scandinaves au folk moyennement convaincant sur la scène opposée de la grande place, avant de retrouver la France pour le concert de Mai Lan, ou plus exactement et hélas la fin du concert de Mai Lan. La Française – fille de Kiki Picasso – livre un set patchwork, fait boire la tasse hip-hop à ses folksongs espiègles et affiche une belle aisance sur scène.
Rover, époustouflant
On finit cette troisième journée avec un roi et une reine. Le premier répond au nom de Rover– on le retrouve sur la scène du Jazz café pour un concert à quatre mains. Seulement accompagné d’un batteur, le musicien livre pourtant un set époustouflant, sensible et grave à la fois. Rover, on le rappelle, a composé sur Aqualast un des plus fascinants refrains de pop française des dernières années : vingt secondes tourbillonnantes d’une mélodie à couper le souffle, croisant le meilleur de Radiohead de Bowie. Sur scène, l’artiste a gagné en prestance et livre un concert éblouissant, porté par sa voix d’ange capable des plus spectaculaires grands écarts.
Quant à la reine, elle en porte clairement le nom : à l’Imperial Theatre, dans un décor de théâtre de boulevard, on retrouve l’Anglaise au teint pâle Ren Harvieu. Venue de Manchester, la jeune femme présente son album Through The Night, grand disque de pop orchestrale passé tristement inaperçu. On pense à Judee Sill qui aurait opté pour un look gothique, à Joni Mitchell qui aurait écouté les Smiths, à une Regina Spektor hantée par Joan Baez. Dramatique mais sans chichi, sensuelle et virtuose à la fois, la musique de l’Anglaise est un fantastique trésor mancunien- beau sur album et éblouissant sur scène.
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