Le vendredi 18 mars, le jeune rappeur était programmé au festival Voix de fête ; il y a prouvé que, plus qu’un espoir, il était déjà un talent confirmé du rap français.
« Un génie », « un abruti complet »; Voilà les qualificatifs qu’on trouve le plus souvent dans les commentaires postés sous les vidéos de Vald. Où se trouve la vérité ? Peut-être, comme souvent, quelque part entre les deux affirmations. On a en tout cas essayé d’en savoir plus, à l’occasion d’un concert qu’a donné le jeune rappeur français à Genève cette semaine.
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Un public hors de France ?
Déjà cinq ans que Vald distille clips et morceaux à la chaîne sur le net (sa première mixtape, NQNTMQMQMB est sortie en 2011). Agé de 24 ans, le garçon originaire d’Aulnay Sous Bois est assez difficile à cerner : où se trouve le premier degré, le second, le troisième ? Difficile de le savoir, à l’écoute de titres aussi différents que Bonjour, Shoote Un Ministre, Branleur ou Selfie. En tous, les cas, si on se doutait que sa popularité s’étendait aux quatre coins de l’hexagone, l’annonce de sa programmation au festival Voix de Fête, à Genève (où il avait déjà joué en début d’année) a soulevé quelques interrogations. Le phénomène Vald, tour à tour qualifié d’Eminem français, de génie ou de crétin absolu, allait-il trouver un public hors de ses frontières ?
https://youtu.be/CfB9qIgSMsg
Premier élément de réponse : à l’arrivée, le public est nombreux, et comme on pouvait s’y attendre, il est très jeune. Si quelques trentenaires, voire quarantenaires, curieux se pressent bien devant l’entrée de la salle, l’âge moyen des spectateurs semble osciller entre 17 et 20 ans.
Des cris et des pogos
L’excitation est palpable, les rires fendent l’atmosphère, joints et bières se succèdent sur les lèvres des kids suisses. Soudainement, on entend une clameur dans la salle qui se retrouve plongée dans le noir. Vald fait son entrée en scène, accompagné de ses fidèles acolytes DJ Weedim et Suik’on Blaze. Les instrus trap sont du meilleur effet et écrasent littéralement les spectateurs sous un mur de basses monstrueux. Il ne faudra pas plus d’une minute au public pour faire trembler le sol et les murs de la salle genevoise. On le comprend assez vite : cris et pogos seront au programme de cette soirée.
Vald fait montre d’une maitrise et d’une présence scénique assez impressionnantes, tout en restant sobre et sans en faire trop. Derrière lui, se dresse un écran géant sur lequel sont diffusées des images de méduses flottantes, ou un oeil de dragon enflammé. Certains titres résonnent même comme de véritables hymnes, comme en témoignent Selfie ou Urbanisme, chantés avec une rage juste et sincère et repris en coeur par une grande partie du public.
Un public que beaucoup peinent à comprendre
En dépit de quelques appels à la révolution, nul besoin pour le jeune rappeur d’haranguer ses spectateurs pour les chauffer. Son rap semble tant cristalliser les sentiments de cette génération qu’il se suffit à lui-même. Nous ne ferons pas de lui un génie, comme d’autres l’ont fait à la hâte ; nous ne dirons pas non plus qu’il est la voix d’une génération. Mais avec des titres parfois crétins et absurdes (Poissons, Bonjour) ou totalement désenchantés (Urbanisme, Promesse, Journal Perso), Vald trouve les mots justes pour s’adresser à un public principalement né après la coupe du monde 98 et élevé à la lumière des écrans.
Le cœur du phénomène Vald réside dans sa condition de mec lambda, tant sur le plan du physique que dans sa vie de tous les jours, telle qu’il la décrit dans ses textes. Alors que beaucoup peinent à comprendre la jeunesse post-internet, le rappeur semble avoir saisi ses troubles, ses crispations et son besoin de lâcher prise. Il l’a en tout cas démontré ce vendredi 18 mars à Genève, en prenant même le dessus sur la prestation de Jazzy Bazz, programmé en suivant. Ce n’est pas son final monstrueux, sur le titre Bonjour, ni l’ovation qu’il récoltera à la fin de son set, qui nous feront dire le contraire. Vald n’est ni un génie, ni un abruti : c’est un mec normal et pétri de talent qui, plus qu’un espoir, se pose aujourd’hui en talent déjà confirmé du rap français.
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