On a rencontré Low Jack, producteur parisien auteur d’un nouvel album incendiaire chez In Paradisum, « Sewing Machine ». Outre Kool Keith, la noise, son rapport à L.I.E.S ou son coté régressif, il nous a aussi parlé de son agenda du mois de juin très chargé, qui le verra passer par le Garage Mu et les Instants Chavirés. Mais avant ça il y aura bien sûr le Weather, le 5 juin, avec Ron Morelli et Vatican Shadow : une performance qui s’annonce explosive.
Auteur jusqu’ici d’EPs aussi disparates qu’enthousiasmants (notamment sur les labels Trilogy Tapes, Delsin et Get The Curse), le Français Low Jack a sorti l’année dernière son premier LP, Garifuna Variations chez l’influent label L.I.E.S, mené par l’infatigable Ron Morelli. Ces jours-ci, il publie Sewing Machine chez In Paradisum, à la fois prolongement et contrepoids parfait de ce coup d’éclat. Si le premier était cérébral et introspectif, ce nouveau cru dessine quant à lui un cercle purement physique : son écoute est en tous points épuisante, et pourra laisser l’auditeur non préparé sur les rotules. C’est sans conteste le disque le plus violent, borné, sale, extrême, mais aussi le plus fun, que Low Jack ait sorti jusqu’ici, tant et si bien que l’on se demande si il n’a pas eu envie de liquider la noise et de passer à autre chose une bonne fois pour toutes.
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On a rencontré le producteur parisien, et on en a profité pour parler de plein de choses, notamment de son label Gravats, de Black Zone Myth Chant, de Kool Keith, de la scène noise… mais aussi de son agenda de juin très chargé : en plus de se produire au Weather avec Ron Morelli et Vatican Shadow le 5 juin, Low Jack viendra présenter son label Gravats aux Instants Chavirés le 18 juin, et fera le DJ pour Sister Iodine le 6 juin au Garage Mu.
Tu rentres de tournée là ?
Low Jack – Ouais, je suis parti avec Black Zone Myth Chant, on a fait une tournée de trois semaines, on faisait une partie du nord de la France, ensuite un peu l’Angleterre, Belgique, Pays Bas, Allemagne. Habituellement je ne pars jamais comme ça, en général je pars le vendredi, samedi et le dimanche je suis chez moi. J’avais jamais fait de tournée dans les salles de concert où je faisais du live, du coup c’était une expérience assez rigolote, même si je ne sais pas si je la ferais tout le temps.
Black Zone Myth Chant est signé sur les Editions Gravats. Tu peux nous parler un peu de ce label que tu as créé il n’y a pas si longtemps ?
Ouais, c’est très récent, le premier disque, on l’a sorti en octobre 2014, ensuite on a fait la cassette de Zaltan (Quartier Choc, NDLR), qui s’occupe de Antinote, qui a fait une cassette de boogie française un peu débile, et ensuite c’est le Black Zone Myth Chant qui vient de sortir, et la prochaine s’appelle Judgement Mixtape, en gros c’est Black Zone Myth Chant mixé par Low Jack : j’ai tout assemblé, c’était plein de brouillons, j’ai pris des trucs que j’ai ralentis à fond, lui est vachement dans un truc rap du sud, DJ Screw (il adore le rap de Houston de Memphis).
On ne pense pas forcément au rap au premier abord quand on écoute Black Zone Myth Chant.
(rires) Bah à la base Black Zone Myth Chant, c’est Black Zone MC, et lui se voit comme un MC mais c’est complètement fantasmé, du coup là l’idée c’était de rendre, de par la nature de cet objet, une interprétation plus littérale de ce que lui a l’impression de faire. La musique n’est pas du tout hip-hop, mais c’est plus sur la présentation de l’objet.
Toi c’est pareil, pour la sortie de ton nouvel album Sewing Machine, tu disais vouloir « délivrer un sourire à la Kool Keith ».
A la base le disque a été conçu dans une volonté ultra second degré, un peu pour se moquer des codes d’une musique dite nihiliste et violente, et je voulais grossir le trait en faisant une musique encore plus violente et plus nihiliste, sous forme de pied de nez.
On le voit avec les titres de chansons, Pocket Pussy, Sweatpants Chick, Lube Money, …
Ouais voilà. Et si tu veux, Kool Keith, qui est un rappeur que j’ai écouté plus jeune, dans ce qui représentait correspondait bien à l’idée que je me faisais du disque. Il a des paroles assez crues, qui s’approchent presque d’une esthétique gangsta rap, et en même temps le type est hyper drôle, un personnage un peu déluré avec des clips débiles où il a une camisole de force, et c’est ça que j’aimais, la dualité de présenter un truc super violent, mais avec une certaine distanciation par rapport à ce que je fais. Du coup c’était un peu ça l’idée du disque, et qui n’est pas forcément lisible si tu le prends juste comme ça.
Plus tu vas loin dans l’outrance, plus ça devient marrant, presque une farce.
Bah il y a des gens qui l’ont pris au pied de la lettre et qui avaient l’air un peu déconcertés, comme si j’avais fait mon disque de techno noise ultra pensé et conceptuel, alors que pas du tout. Je discutais avec un pote à moi, Powell, qui s’occupe de Diagonal Records. Lui est dans un registre un peu sérieux, il va arriver avec certaines références, il adore la musique industrielle, le post-punk, un peu dans un héritage de Throbbing Gristle, mais à côté dans un set il va mettre un pastiche rave ultra vulgaire au milieu d’un morceau un peu sérieux, juste pour prendre une certaine distance par rapport au truc.
Et je me rappelle, on avait fait une date ensemble l’année dernière à Villette Sonique, c’était pile au moment où j’étais en train de concevoir Sewing Machine, et ça faisait aussi un peu écho aux conversations que je pouvais avoir avec lui, ou aussi avec Jean Carval qui s’occupe du label Gravats avec moi. Lui est vachement dans cette espèce de moquerie du genre, la techno noise il déteste ça, et à un moment donné c’était presque devenu une espèce de blague entre nous.
En fait vu que c’est le truc le plus radical, extrême et noise que t’aies sorti jusqu’à présent, on a l’impression que tu ne peux pas aller plus loin après ça. C’est pas aussi un peu une manière de t’en détacher ?
Exactement. Je marche vachement par phases, je me lasse facilement, donc je recherche toujours une forme de naïveté en musique, et elle est compliquée à forcer, parce que plus tu avances, plus tu connais tes outils. Tu as une certaine maitrise de ce que tu fais, et le fait d’aller chercher des nouveaux genres, que tu maitrises peu, c’est une espèce de bon coup de trique pour trouver une forme de naïveté, assez artificielle certes, mais qui permet quand même de se renouveler. J’écoutais un peu de disques de power electronics ou de noise il y a un an, mais vraiment un tout petit peu, je me suis surtout dit que j’allais m’amuser avec, mais après ça m’intéresse pas plus que ça. On m’a affilié un petit peu à ça, genre « le renouveau techno par la noise », mais moi la noise j’en écoute très peu.
Ah ouais, c’est marrant, parce que sur des chansons comme Pocket Pussy on a limite l’impression d’entendre Wolf Eyes, et on se demandait quel rapport tu entretenais avec ce genre de groupe.
J’en écoute assez peu, je me disais surtout que j’allais faire une sorte de pastiche absolu de ce qu’est la techno et la noise. La suite qui va sortir n’a absolument rien à voir avec ça, c’est même limite étrange pour les quelques personnes qui ont écouté : c’est presque du dub, il n’y aucune distorsion, beaucoup de mélodies.
Comme un peu le remix de Eric Copeland que tu avais fait ?
Exactement, c’est vachement dans cet esprit. En ce moment je découvre le dub et le dancehall de manière hyper naïve, j’y connais que dalle, j’ai quelques potes qui me font écouter quelques disques, mais je m’y mets de façon un peu idiote. Peut-être que l’année prochaine ce sera autre chose, mais en tout cas Sewing Machine c’était clairement une façon de clore un chapitre.
Il y a certains morceaux où je vais presque dans le metal, et c’est marrant de le faire avec le label In Paradisum qui a une esthétique metal, de faire une lecture un peu pastiche de ce que doit être le metal avec des machines. Clairement il y a des moments où je me marrais, c’est vraiment un disque amusant. D’ailleurs quand le disque s’est fait j’ai eu un peu de mal, quand il y’a eu une tracklisting, une pochette, qu’il allait être présenté en tant que tel. J’ai eu un peu peur, je me suis dit que ça n’allait pas le faire, j’ai eu l’impression que ça allait se retourner contre moi, et j’avais vraiment peur que les gens ne captent pas cette lecture second degré.
Entre les deux albums que tu as sortis, l’un sur le label L.I.E.S l’année dernière (Garifuna Variations), et Sewing Machine maintenant sur In Paradisum, c’est un peu le jour et la nuit. L’un était cérébral, l’autre est purement physique.
Ouais, celui sur L.I.E.S était très introspectif et lourd, et même si dans la conception, il n’a pas été très long, c’est un disque sur mes origines, sur la musique de transe et la musique industrielle, même sur le postmodernisme…Les deux disques sont assez durs à écouter, assez radicaux, et même si le deuxième l’est peut-être encore plus, en tout cas il est plus léger. Là je suis déjà sur le prochain album, en tout cas.
Tu sembles vraiment te détacher du format maxi.
Ouais, je pense que j’y reviendrai, mais là j’ai vraiment envie de développer pas mal de side projects, avec d’autres artistes mais aussi moi-même sous d’autres noms, parce que même si chaque disque sous Low Jack que j’ai fait est différent, on trouve quand même une certaine cohérence. Mais là récemment j’ai fait des trucs qui sont complètement différents, donc je pense que je vais explorer le format maxi sous d’autres noms, ou avec d’autres personnes.
En quoi le format LP est plus raccord avec Low Jack ?
Je m’y sens vraiment plus à l’aise en terme d’expression, vu que j’ai toujours un peu une volonté d’aborder une espèce de thématique et de la dérouler sur un disque entier. J’ai l’impression que l’album permet d’avantage ça. Et puis j’ai une vision de l’album un peu spéciale, je ne pense pas que ça devrait être une sorte d’arlésienne où pendant deux ans on s’arrache à faire une « œuvre ». J’ai envie d’être dans un truc d’humilité, d’instant. Ça ne me pose aucun problème dans la démarche de penser que le truc pourrait être jeté à la poubelle le mois prochain.
Par exemple tu me parlais de Wolf Eyes, mais je connais assez peu, je connais plus les projets solo des mecs genre Aaron Dilloway, ou tous les mecs affiliés à cette scène noise américaine, par exemple Dom (Dominick Fernow, NDLR) avec Vatican Shadow, ou Prurient – même si c’est un peu différent. Ces types-là ont une vision vraiment décomplexée de l’album, quand ils en sortent ça doit pas forcément être leur chef-d’œuvre. J’ai un peu cette vision-là du LP aussi. Les producteurs de house et de techno font très peu d’albums, ils vont faire une vingtaine de maxis et puis quand ils vont faire un album ça va être un truc pas possible, souvent décevant -même si certains en font de super. Mais j’aime bien cette sorte de spontanéité que cette scène DIY et noise peut avoir. En fait c’est plus dans la démarche que dans la musique en soit que ça va m‘intéresser.
De toute façon ça se prête peut-être moins bien à la musique électronique, le format album, c’est un truc très rock à la base.
Ouais, tout à fait. Et souvent les artistes électroniques, quand ils font leurs albums, ça devient un peu leur incursion pop, du coup ils vont enregistrer des instruments, jouer aux musiciens, et parfois ça marche, il y a des trucs super, mais il y a aussi plein de fois où c’est un peu raté.
C’est aussi peut-être pour avoir plus de visibilité, t’as l’impression que le fait de sortir un album donne plus de crédit pour la presse.
Bah ouais, c’est souvent juste un prétexte pour aller chercher un peu de presse. Pour moi la seule motivation de faire un album devrait être purement créative, juste une envie. Quand c’est dicté par d’autres trucs, je trouve que ça s’entend et c’est un peu dommage.
Torn Hawk, qu’on avait rencontré, semble un peu avoir la même démarche. Il est signé sur L.I.E.S, lui aussi.
Ouais en fait sur L.I.E.S il y a vraiment beaucoup d’artistes, Ron (Ron Morelli, patron du label, NDLR) a dû sortir 50 artistes depuis le début, forcément on se croise tous, et il y en a certains avec qui ça accroche plus que d’autres. Torn Hawk fait vraiment partie des gens qui m’intéressent beaucoup, à la fois humainement (il est très, très marrant), et musicalement.
Lui, c’est plutôt un mec de l’indie-rock qui s’amuse avec un truc de house lo-fi, mais qui va quand même prendre les codes indies avec lesquels il a grandi, où il pose avec sa guitare, juste pour se marrer. Il a des morceaux qu’il enregistre assez rapidement, sans trop de prétention, il va sortir un album par an si ce n’est deux. Il fait partie des gens comme Eric Copeland avec qui je sens des affinités. Ça fait peu de temps qu’Eric travaille avec L.I.ES, mais lui et Ron se connaissent depuis 15 ans, ils sont très proches, il fallait qu’ils travaillent ensemble.
On a l’impression que c’est aussi souvent ce que recherche Ron Morelli, avant de collaborer il lui faut une affinité humaine, comme si les deux étaient aussi importants l’un que l’autre.
C’est vrai qu’il a du mal à bosser avec des gens qu’il ne connaît pas, la manière dont on a commencé à bosser ensemble s’est faite de manière assez organique, il n’y a pas eu d’envois de démos ou autre. Moi je faisais ma tambouille avec In Paradisum, je ne me posais pas plus de questions que ça, et en fait on a fait 2-3 dates ensemble un peu par hasard. D’abord ça a été une entente très basique, lui c’est vraiment le New-Yorkais, culture urbaine de base, le mec qui kiffe le basket, qui va te parler de sport, de séries américaines : des trucs un peu régressifs, ados, dans lesquels je me retrouve pas mal.
Garifuna Variations by Low Jack
On a surtout parlé de Larry David, de Seinfled, et ensuite de musique, de hip-hop new-yorkais, de funk, de r’n’b. Ce qu’il fait sur son label, c’est clairement hyper important pour moi et hyper inspirant. Et du coup, au moment où on a fait les Siestes Électroniques il m’a contacté comme ça, il m’a un peu poussé à faire un disque à partir du live que j’avais fait, alors que je ne pensais pas du tout en faire un format long, à en faire un album.
Alors qu’au final, ce live, qui est devenu ton premier album Garifuna Variations, fonctionne vachement bien en tant que tel.
Ouais, ça m’a donné goût à faire des albums, et Ron fonctionne vraiment comme ça, à l’affect, et ça tombe bien, c’est aussi comme ça que je marche.
On a l’impression que L.I.E.S a été mis un peu en étendard de cette manière de fonctionner, sur un mode très DIY, punk.
Ouais, mais en réalité L.I.E.S s’inspire entre autres de toute la vague Bunker, dans les années 90, et tout ce courant de techno hyper radicale, de Rotterdam et de la Hague, qui avait déjà ce truc DIY à mort, où c’était des mecs du graffiti et du punk : les mecs vivaient carrément dans un bunker (rires). Ron vient un peu de ça, et lui au départ il était pas du tout dans une optique de pionnier, mais ça a été un phénomène médiatique. Il y a deux ou trois ans, tous les médias se sont focalisés là-dessus, et il y a vraiment eu un truc hallucinant pour L.I.E.S, ça a été mis en étendard comme une toute nouvelle (mais en fait pas si nouvelle) manière de faire un label, même au niveau du son tape, lo-fi etc, mais au final tout ça un peu malgré lui.
Cette année, tu as aussi sorti le maxi Imaginary Boogie, sur le label Trilogy Tapes. On a l’impression que tu as voulu revenir à un truc plus deep house, presque à l’époque de tes premières sorties.
Ouais, peut-être un peu au niveau des textures, même si mon premier maxi sur Get The Curse était beaucoup plus naïf et plus en adéquation avec l’idée que je me faisais d’un disque classique, académique, de deep house à l’époque. Là sur ce nouveau maxi, j’ai intégré peut-être un peu plus de musique industrielle, c’est plus déconstruit, même si à l’époque de Get The Curse j’écoutais Chris & Cosey en boucle.
Après, le truc de la fraicheur et de la naïveté, ça peut aussi avoir ses limites. Par exemple, sur mon prochain truc, je veux que ce soit présent dans le fait d’aborder un style que je maitrise peu, mais je veux aussi moins forcer le trait sur le côté accidenté, j’ai envie de trouver le bon dosage. Et en ce moment je suis surtout concentré sur ça.
Quand on écoute les trois sorties de Gravats, c’est un peu dur d’établir une ligne directrice, entre le boogie des années 70 de Zaltan, la techno dure de Gravats et le psyché drone de Black Zone Myth Chant et son temple érigé à Sun Ra.
Ouais, en fait Maxime de Black Zone est obsédé par plusieurs choses : par le rap du sud, mais aussi par le free jazz, et par Sun Ra. Il se met au milieu, et ça donne ce truc complètement dingue (rires).
Pour ce qui est de la ligne directrice du label, avec Jean Carval on s’est dit qu’on allait se fixer tout et n’importe quoi, tout nous permettre, et aller chercher des artistes français qui à l’étranger ne sont peu ou pas visibles, et de montrer justement que des choses se passent en France. Bon, la première sortie c’était un peu particulier parce que c’était moi qui l’avais faite sous le nom Gravats, c’était un 7’’, etc… On l’a sortie parce qu’on savait qu’il y aurait ensuite la cassette de boogie française de Zaltan, et on voulait sortir ces deux trucs-là pour envoyer un message, et ce message c’est : préparez-vous à tout et n’importe quoi (rires).
Ça se rapproche un peu de ce que peut faire le label Antinote en ce moment.
Ouais, clairement, Antinote c’est vraiment un label inspirant pour nous aussi, c’est de très bons potes, j’adore la démarche de Gwen et Quentin. Et au-delà de ça, les disques du Soleil et de l’Acier, ou Saravah, qui étaient des labels où on pouvait faire des disques de chanson française presque variété à côté d’objets free jazz complètement tarés, de disques de post-punk industriels, etc… C’est des formats, des esthétiques de labels qui nous inspirent beaucoup, des labels français en plus. A notre humble façon, on veut un peu prolonger cette démarche.
Et du coup il y a d’autres sorties prévues pour cette année sur Gravats ?
Ouais, le prochain disque ce sera un nouvel artiste sur le label, un mec qui habite Saint Etienne et qui s’appelle Jean-François Plomb, et qui, pour le coup, est complètement éloigné de tout ça. Le mec fabrique des sanza lui-même, utilise plein de récups, des manches à balais, des cordes de guitare, et ça va donner une musique très transe, mais aussi avec un côté musique traditionnelle africaine. Il avait aucune idée de près ou de loin de qui j’étais, ou les labels sur lesquels j’étais, et on l’a découvert complètement par hasard, le type a un réseau ultra-confidentiel, du coup c’était intéressant.
Ensuite il y aura encore d’autres gens qui viennent d’autres scènes, qui viennent pas du tout de la techno ni de la house, donc voilà on a beaucoup de choses de prévues, peut-être même un peu trop pour un jeune label, on a un planning jusqu’à 2017, 2018. Ça fait deux ans qu’on a commencé à le construire, et on a lancé plein de pistes au même moment, et là toutes les pistes sont en train de prendre forme, du coup on se retrouve avec un planning ultra chargé qu’on n’avait pas forcément anticipé. Pour nous, il s’agit avant tout de faire connaître un écho à l’étranger pour des artistes français qui n’en auraient pas eu.
La première date officielle du label c’est donc aux Instants Chavirés, le 18 juin avec Pied Gauche et Black Zone Myth Chant. C’est important symboliquement de débuter dans cette salle?
Oui. Pendant longtemps on se posait la question parce qu’on voulait mettre en avant des live et autant Black Zone Myth Chant que Pied Gauche ce sont des artistes qui ne jouent jamais en club et qui seraient bien incapables de le faire. Il fallait prendre ça en considération, et c’était important de trouver une salle qui puisse faire du live dans de bonnes conditions. Pour nous les Instants Chavirés c’était l’endroit incontournable pour s’arrêter pour une soirée de label, et symboliquement c’était très important de faire notre première date là, plutôt qu’au Rex Club ou je ne sais pas où. Je n’ai aucun problème avec le Rex Club, hein, j’adore y jouer etc…mais là pour le label il fallait autre chose.
Avant ça, tu vas jouer au festival Weather le 5 juin. Tu peux nous parler de la collaboration inédite entre Vatican Shadow, Ron Morelli et toi ?
En fait l’idée est née l’année dernière, quand j’ai joué à Villette Sonique. On partageait le plateau avec Dominick, il jouait sous Prurient à ce moment-là, et du coup il a passé toute la semaine à Paris, il dormait chez Ron. En gros on a passé une semaine tous les trois à se bourrer la gueule et à faire les cons. Et d’abord sur un ton un peu blague on s’est dit qu’on allait faire un disque tous les trois, vraiment sur le mode de trois mecs qui discutent au comptoir, puis finalement l’idée a germé, et c’est arrivé aux oreilles de Brice (Brice Coudert, directeur artistique de Weather et Concrete, NDLR), il nous a proposé de jouer pour la Weather, et ça nous a fixé une deadline. Là on bosse dessus à distance, puis Dom va venir à Paris, et on va faire pas mal de séances de répètes pour être prêts en juin.
Et comment tu vois vos profils cohabiter avec des Nina Kraviz et consorts ?
En fait c’est Dom qui nous a le plus poussés, ils nous a dit : « il faut qu’on joue dans un festival techno parce que c’est tellement plus fun ». Vatican Shadow, Ron Morelli et Low Jack, forcément on se dit que ça va être un disque (ou un live) de power electronics apocalyptique. Au final, on a décidé qu’on allait jouer dans un festival techno, et faire un live de techno. On s’est fixé cet objectif là par le biais de Dom, et finalement on s’est dit que ça allait être rigolo de prendre à contre pied certaines attentes.
Ça m’amuse, j’ai envie d’aborder plein de choses à la fois, faire une soirée Gravats aux Instants Chavirés, jouer avec Vatican Shadow et Ron Morelli à la Weather, au Garage Mu pour une soirée de Sister Iodine, à l’étranger dans un club je ne sais pas où. Tout ça dans le même mois, c’est assez représentatif de là où je veux aller dans mes choix esthétiques.
Album Sewing Machine (In Paradisum)
Concerts Weather Festival, avec Ron Morelli et Vatican Shadow (5/6), Garage Mu avec Sister Iodine (6/6), Instants Chavirés (18/6)
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