“Vous savez, cela fait à peine dix ans que j’ai quitté le xixème siècle en démissionnant de l’Opéra de Paris, alors je reprends les choses de manière basique. En ce moment, je m’intéresse aux rapports entre le corps et le mécanique, à la façon dont on initie un mouvement, par rapport à l’ensemble du réseau […]
« Vous savez, cela fait à peine dix ans que j’ai quitté le xixème siècle en démissionnant de l’Opéra de Paris, alors je reprends les choses de manière basique. En ce moment, je m’intéresse aux rapports entre le corps et le mécanique, à la façon dont on initie un mouvement, par rapport à l’ensemble du réseau nerveux, des articulations, des muscles. » Derrière tant de modestie se cache un grand talent, celui de la chorégraphe Olivia Grandville, bien vite repérée par Dominique Bagouet dont elle intègre la compagnie en 1989 et participe ainsi à quelques créations mémorables, dont Jours étranges savamment improvisé sur la musique des Doors.
Mais l’envie de chorégraphier la taraudait déjà lorsqu’elle dansait à l’Opéra. La posture d’interprète, si essentielle à l’évolution de la danse contemporaine, ne la satisfera jamais semble-t-il, comme si quelque chose avait été gâché de façon irrévocable. Ayant appris la danse par imitation, Olivia Grandville se sent aujourd’hui comme « un chewing-gum, sur lequel tout s’imprime », sans que le mouvement intérieur dont naît l’interprétation ne trouve le moyen d’apparaître. De fait, la seule façon d’en sortir impliquait de se lancer dans la chorégraphie. Philosophe, elle constate qu’elle ne peut voir à quoi ressemble sa danse qu’à partir du corps des autres.
Cela nous laisse perplexes, nous qui la considérons justement comme l’une des interprètes les plus fines que l’on puisse voir aujourd’hui. Ce qui, par contre, nous enchante, c’est sa propension à dire crânement les choses, à revendiquer le mélange des genres, du théâtre au cinéma, et de la littérature à la musique, ou le détournement des formes spectaculaires existantes à l’image de son parcours proposé à la Ménagerie de Verre à Paris en juin dernier. C’est d’ailleurs ce parcours qui a constitué le premier état visible de sa prochaine création Instantané provisoire, inspirée par une exposition de Louis Bec (de l’Institut scientifique de recherche paranaturaliste) et intitulée « Le Vivant et l’Artificiel ». Sommée de résumer son projet, Olivia Grandville aura un mot précis : passer d’une vision mécaniste du corps à l’étude concertée d’une anatomie poétique.
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Instantané provisoire d’Olivia Grandville
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