Du gibier de conseil de discipline, des cancres renvoyés de toutes les écoles de rock. Au lieu de potasser des questions de société cruciales (les Rage Against The Machine vont-ils sauver la couche d’ozone ?) ou de s’adonner à de savantes études stylistiques (la poétique du zizi chez les Red Hot Chili Peppers), les Tullycraft […]
Du gibier de conseil de discipline, des cancres renvoyés de toutes les écoles de rock. Au lieu de potasser des questions de société cruciales (les Rage Against The Machine vont-ils sauver la couche d’ozone ?) ou de s’adonner à de savantes études stylistiques (la poétique du zizi chez les Red Hot Chili Peppers), les Tullycraft bouquinent des illustrés bariolés planqués sous leurs cahiers, grincent des dents pendant les leçons de grunge. Des cours d’histoire, ils n’ont retenu que le chapitre bubblegum (USA, 1968/1969), magistral coup de pied au cul de l’académisme rock et de la politique des auteurs. Au placard, les théories verbeuses et les thèses doctorales : seule compte ici la pêche à l’auditeur, un même mot (hook) signifiant hameçon et trouvaille musicale accrocheuse. En guise d’appât, des mélodies Houdini, capables des contorsions les plus acrobatiques, des refrains chamailleurs faisant des cabrioles pour retomber sur un matelas de voix goguenardes. Les chœurs narquois tirent les nattes de ritournelles rougissantes, soulèvent les jupons de chansons impatientes, lutinent des romances rieuses. Revenus du punk patibulaire de leurs jeunes années, les Tullycraft préfèrent la séduction au saccage, l’œil de velours au pied de biche. Old traditions, new standards carbure à l’euphorie bigarrée des années hoola-hop et scoubidou ; saupoudrées de sucre candide, les chansons friandes sont fouettées par des guitares aigrelettes. Au gré de leur turbulente sauterie, on assiste à d’insolites rencontres : le Velvet Underground farceur d’I’m sticking with you enseigne des grimaces effrontées aux Archies de Sugar, sugar, des Feelies montés sur ressort initient l’Ohio Express de Yummy yummy aux joies du trampoline, chevauchent des chansons toupies twistant comme des tornades en socquettes blanches (Sweet, Dollywood dream). Jolis cœurs, les Tullycraft débouchent des bouteilles d’harmonies effervescentes, en soûlent leurs complices venues en voisines pousser la chansonnette éméchées, elles babillent comme des That Dog réconciliées avec le naturel et illuminent un disque jokari, où les chansons trapézistes mettent à rude épreuve l’élastique surmené qui les relie à la raison.
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