Avant la parution printanière de Van Weezer, le groupe de Rivers Cuomo sort un album surprise en plein hiver, composé au piano pour renouer avec sa veine mélodique d’antan.
Avec Weezer, notre patience n’a décidément pas de limites. Voilà vingt ans exactement qu’on espère un album digne du brelan d’as mémorable qui ouvrit la discographie du groupe californien. De l’album bleu triomphal en 1994 au succès planétaire de l’album vert en 2001 – tous deux produits par le génial et regretté Ric Ocasek –, en passant par le chef-d’œuvre mésestimé Pinkerton (1996), la bande de Rivers Cuomo se fraya une voie royale dans la power pop, avant de pécher par systématisme au rythme effrené de sorties quasi bisannuelles (dix disques entre 2002 et 2019 !).
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En conséquence de quoi, Weezer nous a trop souvent frustré·es, mais étrangement jamais lassé·es. Peut-être parce que l’on tient le binoclard et torturé Rivers Cuomo pour un songwriter capable de renverser des montagnes comme de chuter d’un escalier, son stakhanovisme l’ayant même poussé à publier quatre séries de Home Recordings remplis à ras bord.
Power pop songs et ballades orchestrales
La preuve une fois encore : repoussé depuis un an en raison de la pandémie mondiale et finalement annoncé pour le 7 mai prochain, Van Weezer se voit aujourd’hui rattrapé par un quatorzième LP surprise paru en plein hiver. C’est aussi l’un des premiers albums américains à paraître sous l’ère Biden.
Ainsi titré en clin d’œil à OK Computer (1997) de Radiohead, OK Human annonce d’emblée la couleur avec le single All My Favorite Songs. Au contraire de Van Weezer, inspiré par les groupes de metal qui ont rythmé sa jeunesse, Rivers Cuomo a composé OK Human au piano (Playing My Piano), en souvenir d’une autre obsession musicale de son adolescence : Pet Sounds (1966) des Beach Boys.
Protocole sanitaire oblige, les sessions d’enregistrement avec le pléthorique orchestre symphonique (pas moins de trente-huit musiciens !) se sont déroulées l’été dernier avec le masque de rigueur sur du matériel analogique pour allier la chaleur et la précision sonores.
Si le son de Weezer est immédiatement reconnaissable (Aloo Gobi), le disque oscille ainsi entre (power) pop songs (Grapes of Wrath, Mirror Image qui n’aurait pas détonné sur l’album bleu, Here Comes the Rain en référence beatlesienne) et ballades orchestrales (Numbers, ambitieuse composition en forme de pièce montée, Bird with a Broken Wing, Dead Roses), portées par les cascades vocales de Rivers Cuomo. Un album inattendu mais loin d’être anecdotique dans la discographie sinusoïdale de Weezer.
OK Human Crush Music/Atlantic/Warner
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