Mais qui es-tu Fisherspooner ? Poudre aux yeux ou profondeur de champ ? Archétype branchouille ou total respect ? Difficile à dire, à première vue. Il y a deux printemps, ce troublant duo electro-arty new-yorkais constitué du compositeur Warren Fisher et du chanteur-performer songwriter Casey Spooner rejoignait Miss Kittin & The Hacker, Adult ou Chicks […]
Mais qui es-tu Fisherspooner ? Poudre aux yeux ou profondeur de champ ? Archétype branchouille ou total respect ? Difficile à dire, à première vue. Il y a deux printemps, ce troublant duo electro-arty new-yorkais constitué du compositeur Warren Fisher et du chanteur-performer songwriter Casey Spooner rejoignait Miss Kittin & The Hacker, Adult ou Chicks On Speed dans la hype electroclash. Vous savez, ce courant nourri au son des années 80 qui lorgna, à l’aube du millénaire, sur les paillettes de la pop, tout en se réclamant d’un certain héritage no future
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Si la marque de fabrique synthétique, qui glaça jadis les débuts marbrés de Fisherspooner, continue d’irriguer ses veines, ce deuxième album ne s’en révèle pas moins le négatif sonore du précédent. Plus personnel, plus émouvant. Des batteries boisées ont remplacé les rythmiques digitales, des guitares, une basse, une flûte densifient sa matière parmi une flopée de collages délirants. Le timbre de Casey, lui, a gagné en chaleur humaine et ses textes se sont largement étoffés.
Bien décidé à brouiller les pistes jusqu’au bout, à résister le plus possible au pouvoir réducteur des étiquettes, le duo a en effet remis les compteurs (et les computers) à zéro. D’un habile tour de passe-passe, il a brutalement largué ses amarres electroclash pour s’immerger dans les eaux plus profondes d’une electro-pop luxuriante. Odyssey puise son inspiration homérique à la source mélodieuse du psychédélisme, d’un certain rock FM et de la new-wave. Quelque part entre Pink Floyd première période, Fleetwood Mac deuxième période ou New Order toutes périodes’
Tout en conservant ce petit côté festif, à la limite de la vulgarité, emprunté aux Pet Shop Boys. Si Fisherspooner a fait appel à Mirwais pour peaufiner les contours ultimes de l’album, la collaboration avec l’intellectuelle Susan Sontag sur le morceau We Need a War semble, elle, beaucoup plus insolite. « Nous l’avons rencontrée dans une fête déjantée. Elle pétait le feu et on a halluciné d’apprendre qu’elle avait 70 ans« , se souvient Casey. « Elle a proposé de m écrire une chanson qui dénoncerait la guerre en Irak. » C’était en septembre 2003, un an à peine avant sa disparition. « J’adore l’idée de confronter sur un disque deux genres extrêmes comme une « superpop » ludique et un message ultracérébral. Aux Etats-Unis, ce concept choque. Soit vous faites du Bob Dylan, soit du Beyoncé. Mais le mélange des deux est impensable. » Symptomatique, l’anecdote en dit assez long sur le fonctionnement du groupe : une entité à deux têtes qui s’harmonise parfaitement entre raison pure (Fisher) et folie douce (Spooner).
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