À mi-chemin entre électronique et chanson française, le premier album solo de l’ex-chanteur de Concorde est une ode à la naïveté retrouvée.
Difficile d’imaginer qu’il s’est déjà écoulé cinq ans depuis la découverte de Peupleraie, cette complainte adressée à un père trop longtemps absent, cette déclaration d’amour à tous ces lieux où l’on s’isole pour pleurer. Drapé dans un écrin électronique du plus bel effet, ce single faisait alors de Clément Froissart un ami fidèle, de ceux qui trouvent systématiquement les bons mots, la bonne note, le bon ton lorsque les larmes inondent le regard. Hélas, le Français a fini par se faire plus rare, peut-être moins habile dans sa manière de jouer avec les émotions.
Maintenant que le temps est venu de donner vie à son premier album, on se réjouit toutefois de constater que sa vision s’est étendue : Nuits agitées est un pur disque de pop sensorielle, mélancolique, immédiate, chahutée par des nappes de synthés et intelligemment traversée par des pensées intimes.
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Écouter Aux larmes ou Rendez-vous provoque ainsi un sentiment équivalent à celui ressenti lorsque l’on se balade dans ces maisons où des photos témoignent d’un temps révolu, d’une époque où les amitiés ressemblaient presque à des premières amours, d’une période de transition entre l’adolescence et l’âge adulte, entre ces moments où l’on fume “des cigarettes qui jamais ne s’arrêtent” et ceux où l’on se sent soudainement banni de notre jeunesse.
Une pulsion de vie
Nuits agitées n’a pourtant rien d’un album rongé par la nostalgie, préférant la poussière à la lumière. C’est une pulsion de vie, l’incarnation d’un souffle nouveau, la “thérapie douce” d’un artiste qui approche la quarantaine en étant persuadé de pouvoir mettre des mots délicats sur ce chassé-croisé de sentiments qui l’agite.
Sans jamais oublier, c’est là son intelligence, de contraster ses réflexions sur l’amour, l’amitié ou l’enfance par des rythmes chaleureux, bondissants, qui incitent au lâcher-prise et orchestrent une rencontre longtemps fantasmée (et finalement logique !) entre Étienne Daho et LCD Soundsystem.
“Disco bar”, dit l’un des morceaux : c’est effectivement l’endroit idéal pour écouter cette électro-pop chagrine, pensée pour danser le cœur lourd et les yeux humides.
Nuits agitées (Sister Records/The Orchard). Sortie le 10 mars.
Concert le 14 avril à Paris (Maroquinerie).
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