Aujourd’hui que l’on maîtrise le clonage et qu’on a adapté les techniques de l’agriculture à la culture, on peut envisager facilement des hybrides aussi performants que Chopper One et d’enviables récoltes dès la première année. Beaucoup de blé prévu, donc, pour ce groupe de power-rock génétiquement photocopié sur Weezer (pour dérouter les commissions d’éthique, […]
Aujourd’hui que l’on maîtrise le clonage et qu’on a adapté les techniques de l’agriculture à la culture, on peut envisager facilement des hybrides aussi performants que Chopper One et d’enviables récoltes dès la première année. Beaucoup de blé prévu, donc, pour ce groupe de power-rock génétiquement photocopié sur Weezer (pour dérouter les commissions d’éthique, on a même recruté chez eux Jason Cropper) et taillé pour la grande distribution par Don Fleming (Hole, Sonic Youth, Teenage Fanclub) et Tim Palmer (Pearl Jam), qui comptent parmi les plus efficaces ingénieurs agronomes de ce que l’on appelait autrefois le « rock indépendant américain » pas indépendant d’esprit, en tout cas. Car ce rock bouffi aux hormones, calibré coin-carré pour les écrans MTV, constitue désormais l’ordinaire de l’Amérique désoeuvrée, promis au stade sans même devoir passer par les qualifications il faut bien rentabiliser ces gigantesques salles de concert laissées à l’abandon depuis la faillite du grunge. Un seul mot vient à l’esprit en écoutant Now playing. Dieu que ce mot, efficace, sonne comme un avis de défaite pour le rock et l’imagination !
Qu’il est bon, à côté de ces carriéristes à viande froide, de voir d’authentiques dilettantes, enregistrant comme à la récré, entre copains et non pas entre business associates, un carnet d’objectifs à la main. Leur musique s’habille comme un plouc, avec les vieux jeans Pantashop du grand frère : on la sent pourtant à l’aise dans ses frusques, là où Chopper One paraît bien engoncé dans ses petits costars terriblement tendance. Il faut dire que certains de ces briscards ont vu d’un peu trop près les vilaines jambes poilues de la mode, quand la guerre faisait rage (against the machine) dans leur Seattle. On y compte d’anciens Posies, un REM de tous les bons coups de guitare (Peter Buck), un Young Fresh Fellows, un Screaming Trees, un Guided By Voices… Tous réunis par une passion tenace pour leurs collections de disques Minus Five, pas minus, a l’air plouc mais est très lettré , qu’ils se balancent l’un l’autre dans un des plus réjouissants exercices de quizz-show de l’époque « Prends mon solo de Lennon et peins-le en vert » ; « Quoi ? Personne n’a reconnu mon riff des Turtles ? » Leur hospice a l’air joyeux d’une colonie de vacances.
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