Un Anglais plein d’amis très cool embarque la pop pour la dévergonder sous la boule à facettes : critique de son maxi Love Pattern. Et écoute intégrale, évidemment.
Pendant des années, avec la complicité de Daft Punk puis de Justice, Pedro Winter a participé dans l’ombre au grand complot : déstabiliser le dance-floor aux paintballs et au gaz hilarant, en laminer les soubassements au marteau-piqueur, riffs lourds et batte de cricket dans les tibias. C’était une attaque en règle de la dance-music : quinze ans plus tard, l’odeur de poudre et de fumée lourde ne s’est pas encore dissipée.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
[attachment id=298]Dissiper. Un verbe parfait pour décrire ce que Pedro Winter et son label Ed Banger font subir à leur nouvelle victime ravie : la pop-music. Car là où tant d’autres la traitent avec égards, respect, voire compassion, Ed Banger la pousse dans les orties, dépasse les bornes. Avec Uffie en égérie chipie de cette chienlit, réconciliant l’insolence tartignolle des Spice Girls et la rigueur métronomique d’une electro nettement moins innocente, la pop ressort déboussolée des gymkhanas Ed Banger.
Mickey Moonlight enfonce le clou, enfonce le crew : avec une équipe dingue (prêtée par ses complices New Young Pony Club, TheCocknBullKid, Zongamin…), l’Anglais choisit de ne pas choisir. Ça sera à la fois pop et dansant, sucré et acide. Après tout, pour avoir déjà poussé, à travers des remixes calorifères, Franz Ferdinand ou Jack Peñate vers le dance-floor, il connaît parfaitement cette zone mixte (le bar du club ?) où dialoguent electro et pop.
Et là, la discussion est animée, passant d’un éclat de rire à une douce mélancolie quand, par exemple, Isolée offre un somptueux remix. Dans un genre musical encore sans nom – le tropical chic ? –, une génération entière de gosses anglais marie ainsi, comme sur cet étrange Pelu Tolo, accents cockney et rythmes caraïbes, beats disco et mélodies bronzées sur sable blanc – de Man Like Me à Mickey Moonlight. Moonlight, comme clair de lune : attention quand même aux coups de soleil.
Maxi : Love Pattern (Ed Banger/Because)
{"type":"Banniere-Basse"}