Avec Soko au chant, les électroniciens parisiens de Gentlemen Drivers s’offrent un trip pied au plancher.
Un cirque itinérant quadrillant les étendues céréalières du Midwest, un train de marchandises où les bestiaux goûtent les arpèges de quelque songwriter clandestin… Question convocation d’images d’une Amérique mi-authentique, mi-fantasmée, le premier album des Denver Gentlemen (Introducing The Denver Gentlemen, 1995) se posait là. C’est bien là son seul point commun avec la musique des Gentlemen Drivers.
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Au contraire de David Eugene Edwards, qui quitta rapidement la formation pour creuser le sillon d’un folk-rock crépusculaire et mystique au sein de 16 Horsepower, Benoît et Mica n’en sont pas encore à mériter le titre de légende vivante. Ils sont juste en passe, avec Jamaica, Breakbot ou encore Danger, de donner un coup de fouet à cette bonne vieille French Touch. Et elle risque d’aimer ça, la coquine.
Car cet ep, c’est la BO rêvée de nos lointaines parties d’Outrun, lorsqu’on avalait les miles d’une highway bordée de palmiers, canyons et lampadaires pixelisés, jalons d’un hypnotique road-trip que figurent les claviers à l’éclat d’enseignes lumineuses de L’Arche et les belles mélodies cliniques de 2042 L.A. Dreams. Pied au plancher, enfin pouce à la manette, on priait pour que le périple conduise dans nos bras la blondinette assise à la place du mort.
On l’aurait fait danser au rythme de Perpetual et, pendant cinq minutes, elle aurait eu l’air encore plus sexy que Pris, le “modèle de plaisir” de Blade Runner. Mais rien à faire : tout ce qu’elle laissait entrevoir de son physique, c’était sa chevelure canari, de sa personnalité, son inattaquable sérénité. Alors que, si elle avait daigné ne serait-ce que chantonner d’une voix qu’on imaginait délicieusement saccharinée (la même que Soko avec un vocoder, comme sur le noir et désinvolte Beat Her), on aurait passé notre vie à l’emmener nulle part.
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