Classiques sans être passéistes, les Écossais font de la mélancolie la plus belle des harmonies.
Teenage Fanclub n’est pas de celles et ceux qui vainquent, ni des rock stars indétrônables et glorifiées. Ils le savent et ne s’en attristent plus. “Quand nous écrivons, c’est le reflet de nos vies qui sont plutôt ordinaires, détaille Norman Blake dans le communiqué de presse. Nous ne sommes pas des gens extraordinaires, et les gens normaux vieillissent.”
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Nothing Lasts Forever, enregistré en dix jours dans la campagne galloise, aux Rockfield Studios, raconte ainsi trente ans de pratique musicale, d’existence, de simplicité, de solitude. Tired of Being Alone, dit d’ailleurs l’un des morceaux, synthétisant au passage la mélancolie et la désolation à l’œuvre au sein de la discographie des Écossais.
Ne plus chercher à tout prix la nouveauté
C’est là tout le paradoxe de Nothing Lasts Forever, son indéniable beauté : condenser en à peine quarante minutes une poignée de sentiments spleenétiques, tout en gardant à l’esprit de composer des mélodies et des refrains qui élèvent.
“Le truc, c’est de chercher du positif à l’intérieur même d’une vision fataliste et négative de la nature humaine”, poursuit Raymond McGinley. À travers ces dix nouveaux morceaux, il ne s’agissait donc pas pour le quintette de fomenter des chansons flamboyantes, à la grandeur pop. Il n’était pas question non plus de chercher à tout prix la nouveauté, le contrepied.
Plutôt que l’inédit, les “unknown pleasures” ou la folie de ces jeunes groupes rejetant les dogmes imposés par les anciens, Teenage Fanclub privilégie le classicisme, le romantisme, la tradition britannique d’une indie pop qui doit autant à trois décennies de savoir-faire qu’au répertoire d’Alex Chilton, des Boo Radleys et de sa majesté Paul McCartney.
Une forme de consolation
Bien sûr, cet académisme d’apparence peut parfois prêter à sourire, mais ces chansons possèdent au fond d’importants mérites, variant les tempos et les expressions, cherchant continuellement la lumière au sein de leurs mélodies maussades.
Les titres appuient très clairement cette idée : I Left a Light On, See the Light, Back to the Light, Falling into the Sun… Tout se passe en réalité comme si les Écossais avaient la pudeur de ne pas trop nous imposer leurs tourments, envisageant chaque refrain comme une forme de consolation aussi optimiste que salvatrice.
Nothing Lasts Forever (PeMa/Bigwax). Sortie le 22 septembre. En concert à La Sirène, La Rochelle, le 20 octobre ; à Hydrophone, Lorient, le 12 ; au Centre Pompidou, Paris, le 22.
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