Malgré son divorce artistique définitivement consommé avec Benjamin Biolay, Keren Ann n’a pas vraiment changé depuis La Disparition, son deuxième album paru l’an dernier. Il semble en revanche que les regards qui s’attardent aujourd’hui sur son écriture, maintenant qu’elle en dévoile les ferments anglophones, sont moins embués par la condescendance. Dans les conversations du moment, […]
Malgré son divorce artistique définitivement consommé avec Benjamin Biolay, Keren Ann n’a pas vraiment changé depuis La Disparition, son deuxième album paru l’an dernier. Il semble en revanche que les regards qui s’attardent aujourd’hui sur son écriture, maintenant qu’elle en dévoile les ferments anglophones, sont moins embués par la condescendance. Dans les conversations du moment, il suffit de tendre l’oreille pour mesurer combien elle a gagné en crédibilité. Quant aux chiffres de vente du petit dernier, tout semble indiquer qu’ils dépasseront ceux des albums en français ? un paradoxe qui prête franchement à sourire.
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Il faut dire que sur Not Going Anywhere, constitué pour partie de versions anglaises des meilleures chansons de La Disparition et d’une demi-douzaine d’inédits du même calibre, Keren Ann Zeidel exhibe son meilleur profil. Sur de « vieux » titres comme Right Now & Right Here ou Seventeen, dont les instrumentaux n’ont pas été retouchés, sa voix bénéficie encore du reposoir confortable des arrangements superlatifs de Biolay, qui n’a jamais rien écrit de plus précieux que ces fugues baroques et cette pop chorale digne d’une partie de badminton entre Michel Legrand et George Martin.
Sur les nouveaux morceaux, qu’elle a orchestrés elle-même, elle parvient à l’équilibre idéal entre le désir d’élaguer, pour mieux déterrer ses racines folk, et l’envie malgré tout de montrer de quoi elle est capable en format rock : d’intonations blues (Road Bin) en déflagrations britpop (Sailor & Widow). Les goûts de Keren Ann l’amènent à ressentir une véritable communion avec certaines filles qui, dans les années 60-70, ont introduit une dimension aérienne, mystique et ensorcelante dans la rigueur matérialiste du folk, ces Judee Sill ou Bridget Saint John dont elle est, l’anglais aidant, la digne fille naturelle.
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