L’Angleterre change. Mais pas Sheffield. Usines à l’abandon, cheminées qui ne crachent plus qu’une immense tristesse : Sheffield demeure l’ultime vestige de l’âge de l’acier et du charbon pour qui souhaiterait conserver un musée grandeur nature. Heureusement, la ville n’a jamais eu de Pierre Bachelet. Elle n’a pas enfanté un Tchernobyl ou un Seveso, mais […]
L’Angleterre change. Mais pas Sheffield. Usines à l’abandon, cheminées qui ne crachent plus qu’une immense tristesse : Sheffield demeure l’ultime vestige de l’âge de l’acier et du charbon pour qui souhaiterait conserver un musée grandeur nature. Heureusement, la ville n’a jamais eu de Pierre Bachelet. Elle n’a pas enfanté un Tchernobyl ou un Seveso, mais des formations synthétiques comme Human League et Cabaret Voltaire, deux noms qui font encore briller les pupilles des jeunes musiciens de la ville.
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En 2003, les nouvelles têtes ont pour nom Fat Truckers, I Monster, Kings Have Long Arms, Hiem, A.O.D., Mum & Dad’ La compilation Northern Electronic (à la sélection cosignée des Twins of Evil et du DJ français Bobby Hardcore Liberace) permet de s’y retrouver dans cette scène foisonnante, d’autant que la plupart de ces groupes entretiennent des relations aussi incestueuses que complexes à cerner.
Au cœur de cette scène, Dean Honer s’était illustré en 1999 en tant qu’instigateur d’All Seeing I, projet qui réunissait quelques gloires locales comme Phil Oakey de Human League, Jarvis Cocker de Pulp, Stephen Jones (Baby Bird) ou Tony Christie. Pas étonnant que son I Monster affiche le résultat le plus abouti, avec son électronique contemplative drapée dans des volutes psychédéliques où planent des voix gentiment vocodorisées. Soit Air se tapant une partie de fumette avec le Beta Band.
Aux côtés de Ross Orton des Fat Truckers, Dean produit aussi Dog Ruff, un groupe de punk électronique dont la chanteuse éructe des textes minimalistes à refroidir les ardeurs de quiconque esquisserait une tentative d’approche. Dans une veine similaire, Ross Orton officie aussi derrière White Trash, formation electro-dance dont la chanteuse Alicia vous assène un glaçant « I don’t love you for yourself, I love you for your money« , droit dans les yeux. Miss Kittin peut déjà aiguiser ses griffes.
Les dernières Trans Musicales de Rennes se souviennent des Kings Have Long Arms avec leur clavier masqué et vêtu d’un seul slip. Imaginez Human League reformé avec l’esprit des Specials et au micro, Jerry Lee Lewis se prenant pour Jerry Lewis (Electro Honkey). Ces mêmes Trans avaient aussi résonné de la prestation des Fat Truckers, un trio de rock’n’roll électronique qui convie les Full Monty à une jam avec Suicide. Jouant avec les clichés du rock, le groupe régénère le genre à grands renforts de tubes sexy (Superbike, Teenage Daughter). Tel un Errol Flynn robotique, Mark, le chanteur moustachu, se joue de la technologie comme de l’auditeur : « J’aime les ordinateurs/Ils me tiennent compagnie/Ils sont ma famille/Mais je ne pense pas qu’ils m aiment » (I Love Computers)
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