Le Canadien stakhanovioste revient titiller l’inconscient grâce à ce sens de la narration musicale dont il a le secret.
Andy Shauf aime les concepts. Du moins c’est le genre d’artiste pour qui chaque œuvre dépend toujours d’une certaine idée mûrement réfléchie. En 2021, il s’était résolu, après le confinement, à utiliser une poignée de demos mises de côté au cours de son précédent projet pour les retravailler sans fioritures et raconter l’histoire d’amour d’un couple condamné sur Wilds.
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Un an auparavant, avec The Neon Skyline, le Canadien s’était plutôt mis en tête de dépeindre les divagations d’un oiseau de nuit accoudé au bar de son quartier jusqu’au petit matin. Le pitch de l’album avait tout l’air de renvoyer à la célèbre toile d’Edward Hopper, et ce n’était sûrement pas un hasard si la référence à Nighthawks se voulait si frappante, tant le multi-instrumentiste de Toronto partage avec le peintre américain un goût prononcé pour les instantanés aussi réalistes qu’énigmatiques.
À la frontière du rêve
Andy Shauf peint avec les sons et utilise les mots jusqu’à produire encore et toujours des pièces à la force évocatrice indéniable. Avec Norm, il élargit quelque peu sa palette pour mettre en scène le personnage éponyme dans un décor susceptible de stimuler l’inconscient. La pop de chambre renouvelée aux accents jazz, faite de basses rondes, de batteries feutrées et d’arrangements subtils, se pare alors de touches de synthétiseurs (la superbe introduction de Catch Your Eye, les nappes de Long Throw et Don’t Let It Get to You). De quoi se perdre dans de nouvelles images mentales à la frontière du rêve.
Norm (Anti-/PIAS). Sortie le 10 février.
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