Le père spirituel de Sufjan Stevens dans ses hautes œuvres.
Recenser les songwriters injustement méconnus est une activité qui procure des émotions mitigées : l’excitation de la découverte est souvent ternie par le sentiment déchirant qu’éveille le spectacle d’une beauté incomprise, inexplicablement rejetée dans l’ombre. Pour évoquer le cas de David Garland, qui aligne depuis vingt ans des disques hors normes dans l’indifférence générale, on pourrait ainsi ruminer quelques pensées amères sur l’ingratitude de ce temps.
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On préférera s’en tenir au seul émerveillement que suscite son neuvième album : Noise in You est l’une de ces œuvres phares qui éclairent durablement une vie de mélomane. Le New-Yorkais y ouvre des pistes mélodiques et harmoniques dont mille écoutes attentives ne suffiront pas à détailler le sinueux tracé. Il y exhale à chaque mesure un air totalement neuf, que renforcent l’ample sonorité de sa guitare douze cordes, le souffle chaud de sa voix de baryton et son usage inventif d’une bonne dizaine d’instruments (clarinette, flûte, piano, banjo, mandoline…). Cet homme pourrait être le père spirituel de Sufjan Stevens. Le petit génie du Michigan ne s’y est d’ailleurs pas trompé : il a participé à l’élaboration de ce disque, dont il rehausse la majesté avec quelques chœurs et traits de hautbois. Comme lui, Garland est un maître de musique dont la science terriblement humaine dope les cellules grises et regonfle le cœur. Il ne reste plus qu’à lui trouver le vaste auditoire que son généreux enseignement mérite.
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