Il s’émerveille de tout, mais ne regardait guère jusque-là ses contrats… Résultat, Jean-Marc Luisada, malgré son regard passionné, a changé plusieurs fois de maisons de disques sans réussir à imposer son goût et ses choix, trop souvent enfermé dans son image de “si-merveilleux-pianiste-français-dans-Chopin”, alors que son répertoire est large : Mozart, Schumann, Brahms, Fauré, Poulenc, […]
Il s’émerveille de tout, mais ne regardait guère jusque-là ses contrats… Résultat, Jean-Marc Luisada, malgré son regard passionné, a changé plusieurs fois de maisons de disques sans réussir à imposer son goût et ses choix, trop souvent enfermé dans son image de « si-merveilleux-pianiste-français-dans-Chopin », alors que son répertoire est large : Mozart, Schumann, Brahms, Fauré, Poulenc, Satie, Scriabine, Messiaen et Chostakovitch !
Les Nocturnes de Fauré et les Chants du Rhin de Bizet sont à son répertoire depuis longtemps, et c’est avec beaucoup d’élégance et de naturel qu’il vient de les enregistrer pour RCA ses anciens éditeurs doivent s’en mordre les doigts, et son vieux maître Marcel Ciampi, s’il était encore là, pourrait être fier de lui. Ses tempos sont volontairement retenus dans Fauré, « même dans le déchirement le plus total, alors que certains Nocturnes sont tumultueux, d’autres, au contraire, célèbrent un temps méditatif et serein, ou nostalgique ». Son Fauré respire le vent des cimes, entre la ligne frémissante et désincarnée du 1er Nocturne, la lumière crue du 7e, le chant ample et pénétré du 12e, la bourrasque du 2e et l’élégie olympienne du 13e.
Sa liberté d’expression dans Fauré se prolonge avec une science égale dans les Chants du Rhin de Bizet, une oeuvre méconnue de 1865, aujourd’hui quasiment absente des salles de concerts. Et pourtant, combien les arabesques et échos du romantisme le plus exalté s’entendent dans ces six pièces du compositeur de Carmen à travers le jeu assuré de Jean-Marc Luisada, de la première (L’Aurore) à la dernière, (Le Retour), en passant par le rythme alerte de La Bohémienne !
Aujourd’hui, il affirme ne pas oser jouer Bach, sauf pour lui-même, et aimerait rencontrer un spécialiste du baroque qui lui enseigne le style adéquat pour interpréter cette musique, en particulier pour les Variations Goldberg… Mais pour l’heure, les projets se présentent sous un jour radieux, avec un enregistrement du Concerto pour piano n° 1 de Chopin dans sa version originale, telle qu’elle avait été créée sous les doigts du compositeur, pour piano et quintette à cordes encore une rareté à découvrir. Ensuite, après le Quintette de Dvórak, Luisada reviendra au piano solo avec un disque consacré à Schumann. Qui a dit que le mariage ne durait jamais longtemps entre un interprète et sa maison de disques ?
Gabriel Fauré, Nocturnes ; Georges Bizet, Chants du Rhin ; Jean-Marc Luisada, piano (RCA/BMG)
Franck Mallet
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