Les chansons rugueuses et riches d’une Tourangelle.
(Elap Music/Differ-ant)
Repérée sur CQFD, la Tourangelle Clarys passe à l’action, dans un luxe et un culot assez bluffant. Héritier de l’électricité déchiquetée des derniers Dominique A ou PJ Harvey comme de la poésie cosmique de Léo Ferré, son rock brut refuse toute idée de confort, d’arrangements avec la raison. “J’ai touché le fond/Je suis condamnée au bonheur”, chante-t-elle, et effectivement, Clarys erre dans une noirceur touffue, dense, étouffante. Peu de lumière dans ces chansons austères et pourtant luxuriantes, portées par une voix qui semble tout ignorer des filtres et racolages, brute et urgente. Et pourtant, comme chez France Cartigny ou Laétitia Shériff, autres Françaises à cran, la tension palpable, la frustration suintante ne rendent pas fatalement inconfortables ou inhospitalières. Il émane même de cette douleur et cette âpreté une sensualité assez envahissante, qui atteint un paroxysme sur une reprise théâtrale de Libertango, cette scie mélancolique composée par Piazzola et immortalisée par Grace Jones. De la chair, des larmes, des idées noires et une danse désabusée – voilà qui résume bien cet album éprouvant.
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