Toute la (mauvaise) volonté d’invités prestigieux n’y peut rien : les Talking Heads décapités puent des pieds.Guillotinés des propres mains de David Byrne, les Talking Heads ont mordu la sciure dans l’indifférence générale. Depuis le temps qu’ils ne trouvaient plus rien d’audible à se dire, la nouvelle de cette séparation du tronc le mieux bâti […]
Toute la (mauvaise) volonté d’invités prestigieux n’y peut rien : les Talking Heads décapités puent des pieds.Guillotinés des propres mains de David Byrne, les Talking Heads ont mordu la sciure dans l’indifférence générale. Depuis le temps qu’ils ne trouvaient plus rien d’audible à se dire, la nouvelle de cette séparation du tronc le mieux bâti et du cerveau le mieux agencé du New York des deux précédentes décennies fut accueillie comme un soulagement. Mais voilà que, comme dans les mauvais films d’épouvante, le corps se remet à vouloir marcher seul et sous le nom de The Heads, pour que la farce soit complète , tels ces canards sans tête offrant à leurs bourreaux le triste spectacle d’un ultime et chaotique tour d’honneur. La rumeur prétend que Byrne aurait signé un contrat en vue d’enregistrer un nouvel album des Talking Heads, puis aurait empoché l’argent en laissant les trois autres en plan. D’où la charmante composition picturale qui orne la pochette intérieure de cet album : une poupée de chiffon, barrée de noms d’oiseaux raciste, envieux, arrogant, ce genre d’amabilités et criblée d’épingles, de poignards et de bris de verre, qui témoigne de l’affection portée à leur ancien leader par Tina Weymouth, Chris Franz et Jerry Harrison. Mais l’idée de secours consistant à faire chanter des têtes d’affiche différentes sur chaque chanson ressemble plus à un Talking Heads Aid qu’à un véritable projet artistique. Durant les quarante-cinq premières minutes où défilent derrière le micro des voix invitées aussi illustres que celles de Johnette Napolitano, Michael Hutchence, Debbie Harry, Maria McKee ou de cette paillasse de Shaun Ryder, on a surtout du mal à réprimer bâillements et signes d’agacement. Car à quoi cela rime-t-il de faire chanter du vent, de laisser ânonner ses petits copains sur un tapis de funk molardeux, de nouille-wave sans nerf ni viscère ? Comme ces films sans scénario ni mise en scène qui empilent les vedettes au générique pour attirer le gogo, No talking just head frise bel et bien la vacuité absolue, sauvé de justesse par un inattendu trio de fin : le Violent Femmes Gordon Gano en plein mélodrame Only the lonely ponctué de gimmicks façon Tom Tom Club ; un Gavin Friday irrésistible en crooner sidéral sur Blue blue moon et surtout Andy Partridge, qui justifie à lui seul que l’on s’intéresse au moins cinq minutes à cette oeuvrette de pantomimes. Outre le bonheur bien réel d’entendre pour la première fois depuis quatre ans la voix du gentleman d’XTC sortir de son éteignoir, il est clair que la parenté de tessiture entre Partridge et Byrne fait de ce Papersnow syncopé et rebondissant le seul titre purement talking-headsien du lot. Le reste de ce lourd et stérile pensum adult-rock n’étant qu’un vain bavardage sans queue ni tête.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}