La mort dans l’âme, on avait presque fini par enterrer Snoop Doggy Dogg depuis qu’il s’est compromis chez No Limit, l’affreux label de La Nouvelle-Orléans, prolifique pourvoyeur d’albums sans intérêt. Da game is to be sold, not to be told, le précédent album de Snoop, n’a évidemment pas échappé à la règle du mauvais goût, […]
La mort dans l’âme, on avait presque fini par enterrer Snoop Doggy Dogg depuis qu’il s’est compromis chez No Limit, l’affreux label de La Nouvelle-Orléans, prolifique pourvoyeur d’albums sans intérêt. Da game is to be sold, not to be told, le précédent album de Snoop, n’a évidemment pas échappé à la règle du mauvais goût, quasiment érigé en manière de faire par l’équipe de production maison, les Beats By The Pound littéralement « Des beats au kilo », très engageant gage de subtilité. Il est surtout ici question de soupe au litre et Snoop ne réussit pas à se mettre en évidence au sein d’un programme indigeste. Un véritable gâchis pour celui qui avait fait les beaux jours de la Côte Ouest avec Dr. Dre sur The Chronic (1992) et Doggystyle (1993), deux albums inaltérables, à la valeur « historique » encore difficilement estimable. Et voilà qu’on nous fait le coup des retrouvailles : Dr. Dre est convié au casting de ce nouvel album de Snoop. Pratiquement un miracle, quand on sait les embrouilles contractuelles par lesquelles ces deux-là sont passés depuis leur divorce forcé. Réunis pour trois titres (seulement), le duo continue de faire frissonner les enceintes par les sons d’un Dre toujours aussi affûté et le phrasé d’un Snoop plus détendu et aérien que jamais. Buck’em, B please et surtout Just dippin’ sonnent comme autant de rendez-vous exaltants que l’on ne pensait plus jamais revivre. Autre grande bonne surprise, la présence aux consoles de DJ Quick, un producteur dont on a trop sous-estimé le rôle pourtant majeur qu’il a joué dans l’élaboration du fameux G-funk californien, ce gangsta-rap construit sur des boucles funky des années 70, Parliament et Funkadelic en tête. Quick s’y attelle à nouveau avec bonheur sur les impeccables Doin’ too much, Buss’n rocks et Don’t tell, un titre où, comme au bon vieux temps (c’était il y a sept ans, un siècle), Snoop partage l’affiche avec Warren G et Nate Dogg, ses deux homeboys avec qui il avait commencé sa carrière au sein du groupe 213. Plus loin, ce sont Bud’da, Ant Banks et Raphael Saadiq qui maintiennent le niveau en livrant des caviars sonores sur lesquels Snoop donne la pleine mesure de son savoir-faire, quasiment immuable depuis ses débuts. Tout cela ne couvre malheureusement que la moitié d’un album dont il faut par ailleurs supporter (voire zapper) les productions No Limit, totalement dénuées d’inspiration : du rap composé au kilomètre, les beats en pilotage automatique.
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