Mais pourquoi notre bon Jérôme, qui cet été encore trimballait partout son beau DJ-bag fraîchement ramené de Berlin et ne jurait que par Sex In Dallas, traîne-t-il aujourd’hui cette longue barbe noire, cet étrange étui à guitare (sèche) et ces curieuses tuniques qui sentent bon Katmandou ? L’explication, c’est que notre Jérôme a compris que […]
Mais pourquoi notre bon Jérôme, qui cet été encore trimballait partout son beau DJ-bag fraîchement ramené de Berlin et ne jurait que par Sex In Dallas, traîne-t-il aujourd’hui cette longue barbe noire, cet étrange étui à guitare (sèche) et ces curieuses tuniques qui sentent bon Katmandou ? L’explication, c’est que notre Jérôme a compris que le folk était de retour et qu’il ne veut rater ça pour rien au monde, Jérôme. Tenez, faites donc un test et prononcez devant lui le nom de Devendra Banhart ? c’est le principal responsable de cet étonnant revival boisé et poilu. En théorie tout émoustillé, Jérôme devrait alors sortir sa guitare, grimper sur le premier banc public venu et jouer un petit air, les cheveux au vent, ses yeux mi-clos levés vers le ciel. Malheureusement, ce que ne sait pas Jérôme, sur son banc public, c’est que ce fameux « revival », Devendra Banhart, lui, de son côté, s’en moque comme de son premier flacon de patchouli.
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Américain vadrouilleur, incroyablement dur à localiser, le père Banhart ignore peut-être même tout de ce qui se trame autour de lui. Il suffit d’ailleurs, pour s’en convaincre, d’écouter son tout dernier album, Niño rojo, second volet d’un somptueux diptyque entamé cette année avec le très beau Rejoicing in the Hands (les deux parties ont été enregistrées lors des mêmes sessions). Disque contemplatif là où son prédécesseur était farouchement hanté, Niño rojo, avec sa luminosité fragile et ses encoignures imparfaites, est à l’évidence l’œuvre d’un homme résolument éloigné du monde, des modes. C’est l’album d’un artisan songwriter sauvage, isolé, comme il en déboule un ou deux par décennie ? et comme il en disparaît malheureusement au moins la moitié au bout du compte.
Sur chaque chanson de Niño rojo, on songe en effet immédiatement, et en bataille, à des types comme Nick Drake, Bert Jansch, Mark Kozelek, Will Oldham ou David Pajo : des types pour qui l’effacement a toujours été un mode de fonctionnement, une indépassable discipline. Mais qu’on se rassure : adepte de la belle ellipse, de la chouette disparition, ce druide rare et itinérant devrait pourtant, dans les mois qui viennent, occuper largement le paysage. Mais à sa façon, avec Niño rojo, ce disque compagnon discret, précieux. Pour le reste, pour l’accessoire, on pourra compter sur Jérôme. Oh, et puis allez, Jérôme, descends tout de suite de ce banc et enlève cette tunique, nom d’un chien
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