Le musicien allemand minimaliste livre un très substantiel album, rassemblant trois maxis aux tonalités distinctes.
Œuvrant dans une sphère feutrée entre néoclassique, ambient et electro, Nils Frahm conçoit une musique minimaliste empreinte de romantisme, versant parfois dans la joliesse insipide, à la limite du new age. A son dernier album studio, All Melody (2018), succède All Encores, qui regroupe trois ep – Encores 1, Encores 2 et Encores 3 – parus entre juin 2018 et septembre dernier.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’ensemble représente douze morceaux, provenant des mêmes sessions qu’All Melody, réalisées dans le studio que Frahm s’est aménagé au sein de la Funkhaus, l’imposante ancienne maison de la radio de la RDA, située au sud-est de Berlin, au bord de la Spree. Assimilés par le jeune musicien allemand à des “îlots musicaux venant compléter All Melody”, les trois maxis adoptent chacun une tonalité musicale spécifique.
Une trilogie électronique contrastée
Encores 1 revêt ainsi une parure entièrement acoustique découpée en cinq parties : quatre courtes pièces au piano, l’instrument fétiche de Frahm, et une cinquième beaucoup plus longue (onze minutes) à l’harmonium. D’une frémissante sensibilité, tout en retenue, les crépusculaires pièces au piano exhalent un spleen délicatement enivrant tandis que la pièce à l’harmonium, ombrageuse et rêveuse, flotte avec une grâce légère au bord de la mélancolie la plus noire.
Mêlant acoustique et électronique, Encores 2 incline davantage vers l’ambient. Les deux titres les plus marquants dudit ep, qui en compte quatre, sont A Walking Embrace, splendide sonate de nuit sans lune, et Spells, ample et vibrante composition synthétique (longue de plus de douze minutes) traversant l’espace galactique dans le sillage des vertigineux planeurs germaniques des années 1970.
Enfin, Encores 3 prend une orientation totalement électronique en augmentant la dynamique rythmique. Des trois morceaux émergent All Armed, qui oscille avec une belle intensité entre ambient et techno-dub, et Amirador, lente et ardente pièce atmosphérique en apesanteur. Couvrant un spectre sonore étendu, l’archipel musical que forme All Encores s’avère au total très substantiel et invite à une fréquentation assidue.
“All Encores” (Erased Tapes/Bigwax)
{"type":"Banniere-Basse"}